All Star Perche by Quartus – La recette Lavillenie

Avant de monter dans l’avion direction Birmingham et les championnats du Monde en salle, Renaud Lavillenie revient sur la troisième édition du All Star Perche by Quartus, qui s’est tenu le week-end dernier à Clermont-Ferrand.  Organisateur ? Compétiteur ? L’Auvergnat qui aime tant jongler avec ces deux casquettes a prouvé une nouvelle fois qu’il n’était pas nécessaire de choisir pour réussir… 

>> Le All Star Perche by Quartus 2018 s’est achevé dimanche dernier… On imagine que vous êtes un organisateur comblé ?
Oui, cette troisième édition a été une vraie satisfaction, à plusieurs niveaux : sportivement, les résultats ont été excellents, au delà de ce qu’on pouvait espérer. D’un point de vue organisation, on a cette année encore réussi à faire du bon travail et à mettre la discipline en valeur. Je suis content du résultat.

>> Sept concurrents à 5m88, un record de France pour Ninon Guillon-Romarin (4m72), un record du Monde junior pour le Suédois Armand Duplantis (5m88)… Jamais on n’avait observé une telle densité dans un concours de perche. Comment expliquez-vous ces résultats ?
J’ai toujours voulu que les athlètes soient au cœur du projet. Étant moi-même athlète de haut niveau, je sais ce qui fonctionne, ce dont un perchiste a besoin. On fait tout pour les mettre dans les meilleures conditions possibles. Par exemple, on prend en charge le déplacement des perches, ce qui est parfois un peu compliqué. On va les chercher à Lyon, à Paris… Ça enlève une pression au sportif. Sur place, on fait en sorte que tous les participants soient traités le mieux possible, nous avons notamment un très bon hébergement.

« Que chacun profite de la fête, à sa manière »

>> Si le meeting international fait office de vitrine, on retrouve derrière tout un programme pour promouvoir votre discipline…
Effectivement. La volonté de départ était de mettre la perche à l’honneur, sous différents angles et pour différents publics. On dit souvent que c’est une grande famille, et c’est vrai. Alors on veut que tous les membres de la famille puissent participer. Le jeudi et le vendredi, on propose des animations pour les scolaires, notamment dans le cadre de l’UNSS. Samedi, il y a une compétition nationale, et un colloque le dimanche matin… Comme ça, chacun peut profiter de la fête, à sa manière.

>> Justement, pour l’organisation du colloque, vous pouvez compter sur la collaboration de la ligue Auvergne Rhône-Alpes. Que vous apporte ce soutien ?
Il est très précieux. C’est la ligue prend en charge une grosse partie de cet événement. Je n’ai pas besoin de me poser trop de questions, je sais que l’équipe va le mener à bien, qu’elle a l’habitude. On trouvait intéressant de profiter de la présence de pointures du milieu pour organiser ces temps d’échange. Mais ce n’est pas évident à mettre en place : il faut trouver un sujet qui rassemble, et qui ne soit pas répétitif d’une année sur l’autre.

>> La maison des sports de Clermont a accueilli quelques 4000 spectateurs dimanche. La preuve que l’événement a trouvé sa place dans le paysage clermontois ?
On a toujours été soutenu par les institutions, et là on sent en plus que la compétition a pris de l’ampleur dans la ville. Ça fait plaisir. C’était important pour moi de proposer ce qui se fait de mieux au niveau international. Les Clermontois me connaissent mais ils n’ont pas souvent l’occasion de me voir sauter. Ce meeting est en adéquation avec ce qui fait mon quotidien.

Une centaine de bénévoles sur le pont

>>  Pour un tel résultat, il faut une sacrée équipe en coulisses. Combien de personnes participent à l’organisation ?
Je supervise l’ensemble, et je m’appuie sur trois piliers : Julien Galland, Romain Vennat, David Parchantour. Ils gèrent chacun leur domaine. J’ai la chance d’être entouré par des personnes compétentes et motivées, aptes à répondre aux moindres demandes des participants. Au total, l’événement brasse une centaine de bénévoles.

>> Et en amont, comment s’organise la préparation ?
On commence à travailler en avril/mai, de l’année précédente. Ça s’accélère quelques mois avant avec la recherche des partenaires notamment. Et le dernier mois, c’est le gros rush.

>> Ce « rush » est-il compatible avec l’entraînement d’un athlète de haut niveau ?
Même si je suis professionnel, je ne passe pas toutes mes journées au stade. C’est clair que c’est une période chargée, mais j’ai l’habitude. Et puis avec l’expérience, je connais le contenu de mes semaines d’entraînement, je sais gérer ma préparation. C’est aussi une manière de penser à autre chose, de sortir de la routine. D’un point de vue psychologique, ça ne fait pas de mal. Je trouve même que ça me réussit bien.

Quand Renaud l’organisateur donne une « source de motivation supplémentaire » à Renaud le compétiteur… 

>> Le jour J, les invités de votre meeting deviennent également vos concurrents le temps d’un concours… Est-ce que cela change vos relations avec eux ?
À la base, on a toujours eu de bonnes relations. Disons que ce jour-là, j’essaie de les chouchouter : je leur demande si tout va bien, s’ils ont besoin de quelque chose, ce que je ne fais pas sur un autre meeting ! Il n’y a pas un moment où j’ai la casquette d’organisateur, un autre moment où j’ai celle de compétiteur. Je porte les deux du début à la fin. Et ça me fait plaisir. Ce n’est pas une contrainte, mais une source de motivation supplémentaire. Quand tu es en bout de piste, tu te dis que tu vas sauter pour récolter le fruit de ce que tu mets en place depuis des mois… Et tu savoures.

>> Après cette année historique, êtes-vous prêt à mettre le cap sur 2019 ?
Tout à fait, on pense déjà à la quatrième édition. On commence à récolter les retours, pour voir ce qu’il faudrait éventuellement corriger, améliorer. La date reste à valider. On va repartir sur le même modèle, il n’y a pas de raison de changer, ce n’est que la troisième édition on ne ressent pas encore de lassitude. Notre priorité reste la même : offrir les meilleures conditions aux sportifs pour leur permettre de faire des perfs !

>> En attendant, place aux championnats du Monde en salle ce week-end à Birmingham. Dans quel état d’esprit abordez-vous la compétition ?
C’est vrai que tout s’enchaîne, je n’ai pas eu le temps de rester sur mes rêves de dimanche. La semaine a surtout été consacrée à la récupération. Je me sens bien. Maintenant en championnat, c’est toujours particulier ; Il faut arriver à se surpasser. J’ai déjà réussi à le faire plusieurs fois, ce sera à nouveau mon objectif ce week-end.

Jessica Bissay

(crédit photos : Renaud Lavillenie/Ville de Clermont-Ferrand)