Championnats de France de marche nordique – Franz Liskowitch (Nordic Walking Sensation 73) double la mise

   Le Nordic Walking Sensation 73 est affilié à la FFA depuis seulement quelques semaines… Et possède déjà un champion de France dans ses rangs. Son entraîneur et créateur Franz Liskowitch a conservé son titre ce week-end à Fontainebleau lors des championnats de France de marche nordique.

>> Dans quel cadre s’est déroulée cette compétition, que vous avez remportée en 1h29 ?
Il s’agissait d’une boucle de 2,8 km dans la forêt Fontainebleau, au total il y avait 14,5 km. Nous étions sur un terrain atypique et exigeant, habituellement réservé aux chevaux donc composé à 90% de sable. Il y avait pas mal de relances techniques. Il a fallu y aller à l’énergie pour tirer son épingle du jeu.

>> Quelles conditions faut il remplir pour s’aligner aux championnats de France ?
Actuellement, il faut avoir participé à trois courses du circuit national. Ce n’est pas très sélectif, parce que comme c’est une discipline nouvelle, lancée en 2014, l’objectif est de la mettre en lumière. Je pense qu’il faudrait maintenant arriver à mettre un critère plus qualitatif. Cela nous permettra aussi d’être davantage considéré.

Qui dit jugement humain dit discussions…

>> En compétition, la discipline est régie par un cadre technique précis…
Il y a effectivement un cadre bien spécifique à respecter : attaque talon, bras armé devant, respect de l’alignement du corps entier… Il faut avoir en tête tout un tas de règles. Dimanche dernier, il y avait un juge statique tous les 150m sur le parcours, plus des juges en VTT. En cas de faute technique, on écopait d’une pénalité qui consistait à faire un tour d’environ 200m. Comme tout sport où il y a un jugement humain, cela peut entraîner des discussions, des dérives. Au début c’était un peu compliqué, mais dans ce domaine là on a beaucoup progressé.

>> Petit à petit, la marche nordique est en train de trouver sa place… Qu’en est-il du développement du volet compétition ?
Le circuit national grandit bien, il y a une vingtaine de courses en France. Malheureusement, une seule en Auvergne Rhône-Alpes : l’Euro Nordic Walking, dans le Vercors. C’est dommage ça engendre beaucoup de déplacements pour nous, financièrement c’est compliqué ! Historiquement, il y a toujours eu une distension entre le volet loisirs et compétition. Certains voient d’un mauvais œil le développement de l’aspect compétition. J’aimerai profiter de mes titres et de ma petite notoriété pour porter cette discipline vers le haut, faire venir plus de monde, notamment des jeunes. 

« On se sent un peu seul pour le moment »

>> A votre avis, quelles sont les prochaines étapes du développement de la marche nordique en compétition ?
L’enjeu désormais, c’est le développement international. Pour cela il faut un cadre technique commun. Pour l’instant il n’y a pas encore vraiment d’unité entre les pays. En juin dernier, avec Didier Frison on a participé aux championnats du Monde en Pologne, une compétition non-officielle qui a rassemblé 14 pays. Il y avait des règles différentes, il a fallu qu’on s’adapte. On termine tous les deux vice-champions du Monde dans notre catégorie. On avait monté un dossier mais malheureusement on n’a pas obtenu le soutien de la FFA… On se sent seul pour le moment.

>> Vous même, comment êtes-vous arrivé à la marche nordique ?
Plus jeune, j’ai fais du fond et du demi-fond ; Puis j’ai été cycliste de haut niveau. J’ai disputé deux fois les championnats du Monde amateurs, sur route. En parallèle, j’ai passé mon Brevet d’Etat d’accompagnateur en montagne en 2002, puis une formation pour encadrer la marche nordique en 2008. Quand le circuit national s’est lancé en 2014, c’était au moment où je voulais arrêter le vélo, donc j’ai basculé sur cette discipline.

Moitié coach sportif, moitié employé de banque…

>> Vous aviez un groupe d’entraînement à La Motte Servolex, qui s’est transformé en club FFA il y a quelques semaines… Pourquoi ce choix ?
Pour participer aux compétitions il faut une structure officielle. On s’est d’abord licencié via une plateforme en ligne, To Be Sport, mais du coup on était rattaché à un club à Angers, c’était étrange. Ensuite on aurait pu se rapprocher d’un club savoyard comme Chambéry ou Aix, mais avec le jeu des mutations on aurait coûté trop cher. Donc on a décidé de faire nous-même l’effort financier, et depuis septembre nous sommes effectivement rattachés à la FFA. 

>> Quelques mots pour présenter le Nordic Walking Sensation 73 ?
Nous sommes une soixantaine de membres, la majorité pratiquent en loisirs… mais avec moi ils savent que même en loisirs, on transpire ! J’aimerai bien suivre la formation coach athlé santé, pour aller plus loin. On a une bonne équipe, qui se prend bien au jeu. On bosse beaucoup, dans un bon esprit. Nos entraînements ont lieu sur La Motte Servolex, ou autour de Chambéry. Je connais pas mal de parcours…

>> Quid de votre propre rythme : comment se prépare un champion de France de marche nordique ?
Je m’entraîne quasiment tous les jours, suivant un plan assez classique : séance longue, vitesse, fractionné sur plat ou en côtes, technique, travail au seuil… Je couple beaucoup avec du vélo et de la natation. Musculairement, ça fait du bien. Cela me permet aussi de préserver mon genou qui est un peu fragilisé. Il n’y a pas de mystères, j’ai de bons résultats, mais je bosse énormément pour ça ! Professionnellement, je travaille à mi-temps dans une banque. Le reste du temps, je suis coach. J’ai trouvé une forme d’équilibre ainsi, ça me permet de préserver la passion. 

Jessica Bissay

Crédit photos : Facebook Franz Liskowitch