Championnats du Monde – La renaissance d’Estelle Perrossier (4x400m, Lyon Athlé)

Sa belle ascension a été freinée par les blessures. D’abord psychologique, puis physique. Malgré les doutes et les moments difficiles, Estelle Perrossier n’a pas baissé les bras. Une persévérance récompensée par une médaille de bronze aux Elites mi-juillet à Marseille (52″18, nouveau record perso), synonyme de qualification pour les Mondiaux.

Enfin, le soleil est de retour…

 C’est comme une revanche sur le destin. Le fruit d’une renaissance qui aura demandé des mois de travail et de persévérance. Assurément, cette sélection là a une saveur particulière pour Estelle Perrossier.

Après une saison 2016 douloureuse, marquée par un deuil qui a renvoyé les perfs sportives au second plan, Estelle Perrossier a connu une année 2017 compliquée. « Je me suis blessée fin avril aux Bahamas (lors du challenge mondial des relais, ndlr). Une déchirure au quadri, ce n’est pas anodin. Autant dire que c’était mal engagé. »

Alors que jusqu’en 2016, sa carrière suivait une belle courbe ascendante, la licenciée de Lyon Athlé a donc dû faire face à de fortes turbulences. « C’est la première fois que je me blesse. Je ne suis pas dupe, je sais que c’est la conséquence d’une année 2016 très compliquée sur le plan personnel. Les blessures psychologiques laissent des traces, elles sont parfois plus difficiles à surmonter que les pépins physiques.« 

Vice-championne de France élite en salle cet hiver, la spécialiste du 400m a dû adapter ses plans. « Cet été, j’ai constamment été en décalage d’un mois. Quand les filles commençaient à faire des perfs, début juin, moi j’étais à mon pic de méforme. »

Forcément dans ce contexte, le doute s’installe… « Le moral était déjà atteint, avec cette blessure je reconnais que je me suis demandé si j’allais y arriver. J’ai eu de grosses incertitudes. Heureusement il y avait mon coach, Franck Matamba. J’ai tellement confiance en lui. Il m’a beaucoup poussé. Il avait raison. » Il faut dire que depuis sept ans, ces deux-là forment une sacrée équipe. Soudée dans les victoires… Comme dans les périodes difficiles. « J’ai galéré, mais lui aussi. Il ne s’investit pas que physiquement, il est toujours présent. Il nous aime comme ses propres filles. C’était dur pour lui de me voir dans le mal. Il a beaucoup pris sur lui.« 

Alors Estelle s’est accrochée, et a continué de travailler, sans bruit. Jusqu’à arriver à Marseille pour un quite ou double audacieux. « Je n’ai jamais eu autant la pression. Je m’étais posé un ultimatum, je voulais vraiment aller à Londres, et montrer ce dont j’étais capable. »

Au pied du mur, la Lyonnaise a réussi à se transcender, et l’éclaircie tant attendue a eu lieu : médaille de bronze, record personnel (52 »18) et ticket pour Londres à la clé. « Je sentais que je pouvais faire ce chrono, je restais sur de bonnes séances. J’avais enchaîné trois fois 53″30 dans des conditions très différentes, c’était la preuve que j’étais en forme. » Avec cette médaille, elle a rendu le sourire a tout son clan : « J’ai fait pleurer ma soeur et mon coach ! C’était beaucoup d’émotions. »

Une médaille, trois jours de repos… Puis la relayeuse tricolore est retournée au charbon, dans un tout autre état d’esprit. « Je suis sereine, le plus dur est derrière moi. La tête et les épaules sont là ! Quand on revient de loin, on savoure encore plus. » 

A Londres, elle participera au relais 4x400m avec le plaisir retrouvé, et l’envie de « se dépasser pour l’équipe de France » : « La saison va finir en beauté, je trouve qu’on a une très bonne équipe, j’espère qu’on ira au moins en finale. »

Le 9 août, Estelle Perrossier montera dans l’avion plus déterminée que jamais. Plus forte, aussi. »Je me sens libérée. J’ai l’impression d’avoir enfin dépassé cette période si compliquée. Je ne suis plus la même, c’est sûr. Maintenant, j’ai comme un petit sac à dos à porter en plus, mais j’ai toujours envie de réussir. »

Jessica Bissay

Crédit photos : KMSP/FFA (Julien Crosnier) – Facebook Estelle Perrossier