Épreuves combinées – Meriem Sahnoune y a pris goût (US Oyonnax)

Aujourd’hui, elle ne se verrait pas faire autre chose… Et pourtant, quand elle est arrivée à Oyonnax en 2016, elle ne voulait pas entendre parler des épreuves combinées. Quatrième aux élites de pentathlon cet hiver, Meriem Sahnoune est désormais tournée vers la saison estivale. Celle qui partage sa vie entre Clermont-Ferrand et Oyonnax ne ménage pas ses efforts pour poursuivre sa belle progression.

>> Pour commencer, revenons sur ces derniers mois. Comment s’est passée la saison d’hiver ?
Elle s’est bien terminée, pourtant elle avait mal commencé. Je n’ai pas pu boucler mon premier pentathlon, mi-décembre, à cause d’une douleur à l’insertion de l’ischio que j’avais déjà eu l’été dernier et qui est revenue lors du concours de longueur. Derrière, ça a été un peu la panique. Pendant trois semaines, je n’ai rien pu faire. Je ne savais pas si je pourrai reprendre à temps pour les X Athletics à Clermont (le 14/01, ndlr). Finalement j’y suis allée, et j’ai eu la bonne surprise de faire 4054 points, ce qui m’a permis de me qualifier pour les élites. Du coup ensuite ça a été plus confortable, plus serein. J’ai pu faire quelques compétitions de réglages, passer sur des cycles d’entraînement plus lourds. 

>> Lors des championnats de France élite indoor, vous terminez quatrième avec 4193 points. Une satisfaction ? 
Oui je suis plutôt contente. J’ai battu mes records sur 800m, 60m haies et au poids. Je suis à un centimètre de ma meilleure marque en longueur et en hauteur. Après, j’ai quelques regrets en longueur parce que je sentais que je pouvais faire mieux, mais je n’ai pas réussi… C’est ce qui me coûte le podium. En tout cas ça m’a permis de voir que j’avais progressé sur pas mal de points qui pêchaient l’an dernier, comme le poids ou la hauteur. C’est rassurant pour cet été, je me sens plus en confiance.

>> Et ensuite, avez-vous pris un peu de vacances ? 
Je ne suis pas du genre à faire des coupures, c’est bien mon problème (rires). Après les élites, j’ai fait une semaine plus light… Enfin en fait je suis quand même allée à l’entraînement tous les jours, mais j’étais restreinte. Mentalement, ça me fait du bien d’aller au stade. J’ai toujours eu tendance à en demander plus. Ce n’est pas évident parce que je sais bien que derrière on le paye en termes de blessure ou de fatigue. Heureusement mes deux entraîneurs ont compris comment je fonctionnais, ils temporisent quand il faut.

>> Vous êtes effectivement suivie par deux entraîneurs, dans deux villes différentes…
J’ai un entraîneur à Clermont-Ferrand, François Juillard, et un à Oyonnax, Jacques Collet. En fait je suis à l’INSA de Lyon, mais comme j’ai choisi spécialité plasturgie mes cours ont lieu à Oyonnax. Et je suis en alternance chez Michelin, donc quinze jours par mois à Clermont-Ferrand. Ça demande pas mal d’organisation.

>> Comment abordez-vous la saison estivale qui approche à grands pas ?
J’ai hâte ! Je préfère l’heptathlon au pentathlon. C’est sur deux journées, l’ambiance n’est pas la même. Puis il y a le 200m, que j’aime bien et où on attend une belle progression. J’avoue que j’ai un peu d’appréhension, notamment par rapport au javelot où j’ai eu une grosse déception l’été dernier. Il faut dire que je n’y avais pas beaucoup touché. C’est une discipline qui est difficile à travailler l’hiver du coup je ne sais pas trop où j’en suis. J’aimerais bien figurer aux élites, mais je n’ai aucune idée du total que je peux faire, on se fixera les objectifs au fur et à mesure. Certes j’ai eu une belle progression, mais pas toujours linéaire, alors on garde les pieds sur terre.

>> Et cette blessure à l’ischio, est-ce désormais du passé ?
Disons qu’il faut que je gère. Ça me titille toujours, mais ça ne m’empêche pas de m’entraîner. Je fais de la rééducation deux fois par semaine. J’aurais aimé faire du saut en longueur en individuel, parce que c’est ma discipline de base et que j’aime beaucoup, mais j’ai laissé tomber, pour ne pas prendre de risque.

>> Alors avec un peu de recul, pas de regret que Jacques Collet vous ait poussée vers les épreuves combinées lors de votre arrivée à Oyonnax ? 
Ah non, pas du tout ! Cette discipline me convient vraiment bien. Et tout le monde me dit que physiquement, je suis faite pour. Ce n’est pas toujours facile mentalement, à l’entraînement comme en compétition, mais ça me plaît. J’ai beaucoup de choses à travailler, j’apprends énormément. Je m’entraîne différemment désormais, je travaille tout le corps. En terme de préparation, je pense que c’est mieux pour moi qui sortais de trois saisons de blessures. Et puis sur le stade les liens entre les concurrentes sont différents, plus forts. L’ambiance n’est pas la même. On a la chance d’avoir un bon groupe dans la ligue AuRA, ce sont des adversaires mais aussi des amies. On prend plaisir à se retrouver en compétition ou en stage, à se voir progresser.

Jessica Bissay