L’athlète du week-end… Claire Perraux (Décines Meyzieu Athlétisme)

  Elle a retrouvé le maillot bleu du Décines Meyzieu Athlétisme il y a quelques mois, elle renouera bientôt avec une autre tunique bleue, celle de l’équipe de France. Les graminées lui laissant un peu de répit à cette période, Claire Perraux a enfin pu s’exprimer pleinement dimanche, lors du cross de l’Acier à Leffrinckoucke. Elle termine première Française et valide ainsi son billet pour les championnats d’Europe de cross, qui auront lieu à Samorin (Slovaquie) le 10 décembre.

>> Comme prévu, il y a eu deux courses dans la course dimanche à Leffrinckoucke. En tête les étrangères, à leur poursuite les Françaises en lice pour la sélection. Comment avez-vous vécu ce cross ?
Pour moi, ça ne pouvait pas mieux se passer ! La préparation s’était bien déroulée donc je savais que j’étais en forme, mais je savais aussi que les autres filles étaient costaudes donc il y avait une part d’inconnu. Devant, les étrangères sont parties tout de suite très vite, on ne les a plus revues. On a couru entre Françaises.

>> Après des mois très compliqués, vous devez savourer ce retour au premier plan…
Oh oui ! Ça fait tellement de bien dans la tête ! J’ai vécu trois derniers étés catastrophiques, à cause d’une allergie aux graminées. C’était très dur à encaisser, très frustrant. Du coup dimanche j’avais envie de profiter de la forme du moment, de me faire plaisir… Parce que je sais que ce n’est pas toujours possible ! J’avais à cœur de traduire en compétition ce que j’avais fait à l’entraînement.

>> Et après Samorin, comment voyez-vous la suite de votre saison hivernale ?
Je vais probablement disputer les cross courts, on aura une belle équipe avec le DMA. Les filles avaient terminé troisièmes l’an dernier, on essayera de viser à nouveau le podium. Et puis je ferai sans doute un peu de salle aussi, pour me faire plaisir sur piste… sans les allergies !

>> Après quatre saisons sous les couleurs du SCO Sainte-Marguerite, vous avez retrouvé le maillot du DMA cet automne… Pourquoi ce choix ?
On a voulu repartir sur quelque chose de plus simple. Depuis que je suis arrivée à Lyon il y a douze ans je me suis toujours entraînée à Décines. J’ai changé de club quand on est parti en Alsace avec Bastien. Le SCO m’a alors permis de financer ma pratique, mes stages notamment. Et j’ai toujours eu de bonnes relations avec ses membres. Mais mon club de cœur, celui où je connais tout le monde, c’est Décines. Donc c’était assez logique de revenir. C’est sympa de pouvoir courir en compétition avec les copines d’entraînement. Cet automne par exemple on s’est fait plaisir lors de la coupe de France des relais, c’était une belle expérience (le DMA a terminé troisième du medley, ndlr).

>> Comment définir votre groupe d’entraînement ?
Il y a une bonne harmonie, pas de cloisonnement selon les âges où les disciplines. C’est vraiment plaisant, ça aide à se motiver pour certaines séances difficiles. Bon, par contre je prends un petit coup de vieux parce qu’il y a beaucoup de jeunes (rires).

>> Avec 6 ou 7 entraînements par semaine, l’athlé vous demande un fort investissement. Comment conciliez-vous cela avec votre vie professionnelle ?
Je suis ingénieur dans un bureau d’études qui travaille pour Vinci Energie, à Rillieux. C’est un contrat à temps plein, mais avec une certaine flexibilité : je peux prendre des congés sans solde pour m’entraîner ou récupérer. Cela me permet de partir en stage, ou simplement de poser des demi-journées pendant les grosses périodes. Comme je ne suis plus sur les listes de haut niveau, je n’ai pas de compensation financière. Ce n’est pas simple, ça demande pas mal d’organisation, mais c’est un choix… Je pense que c’est indispensable pour continuer d’avancer.

 >> Et moralement, comment fait-on pour rebondir quand les saisons noires s’accumulent ?
C’est parfois très difficile. Surtout que moi quand je suis blessée, ça joue beaucoup sur mon moral. Des fois, je me demande si ça vaut le coup, c’est dur de s’accrocher. Là on est reparti pour l’hiver, parce que ça se passe mieux à cette période et que j’espère pouvoir me faire plaisir. Mais sincèrement, pour l’été prochain je ne sais pas. C’est rageant parce que j’aime bien la piste, je sens que je peux faire mieux… Mais quand je vois que je suffoque même à une allure pas très élevée, je me dis que ce n’est pas la peine…

>> Depuis plus de dix ans, vous êtes entraînée par Bastien Perraux… devenu entre-temps votre mari ! Comment se passe cette collaboration ?
Certains disent qu’ils arrivent cloisonner et à laisser l’athlé à la porte de la maison… Honnêtement je ne sais pas comment ils font. Nous, on ne peut pas ! Quand ça se passe bien, c’est encore mieux on partage ces moments à deux. Par contre quand ça se passe mal, forcément on ramène les problèmes chez nous, ça joue sur le moral des deux. Mais j’y vois surtout du positif. Bastien me connaît mieux que personne, il comprend mes ressentis, mon investissement… Tout comme moi je comprends le sien. On partage la même passion !

Jessica Bissay

(crédit photos : Maxime Delobel/Claire Perraux)