Lore Hoffmann (800m), l’Aixoise avec un maillot rouge…

   Repêchée sur le fil cet été pour les championnats d’Europe, la Suissesse de l’AS Aix s’est illustrée à Berlin, améliorant son record perso sur 800m en série… et en demi-finale ! Avec le maillot d’Aix, celui de son club suisse ou celui de la sélection helvétique, la spécialiste du demi-fond devrait encore faire parler d’elle cet hiver en salle…

Cet été à Berlin, il y avait une belle brochette d’Auristes en bleu… Et puis il y avait aussi une Auriste… en rouge ! Lore Hoffmann, Franco-Suisse spécialiste du 800m, a porté les couleurs de son pays d’adoption. La demi-fondeuse licenciée à l’AS Aix a décroché son billet in extremis. « J’avais manqué les minima de peu (32 centièmes exactement, ndlr). J’ai été repêchée par la fédération européenne, grâce au target number*. J’ai eu beaucoup de chance ». Une chance qu’elle n’a pas laissé passer. « Même si c’était inespéré, je ne voulais pas y aller pour faire de la figuration ». Parole tenue. La Suissesse a battu son record perso en série (2’02 »23)… et a remis ça le lendemain en demi-finale (2’01 »67). De quoi quitter la piste la tête haute. « Je n’aurai pas pu aller plus loin je n’avais pas le niveau, c’est normal. Je suis contente d’avoir réussi à me remobiliser pour la demi-finale, alors que je venais de battre mon record ».

Le 800m, sa combinaison idéale

De retour chez elle, elle a ensuite choisi de terminer l’été sur 400m haies. « En Suisse, la saison se poursuit jusqu’à mi septembre. J’étais fatiguée après les Europe, mon objectif principal était atteint… Donc j’avais besoin de changer, de me faire plaisir. J’ai bien aimé le 400 haies, mais j’ai encore beaucoup beaucoup de travail, surtout techniquement (rires). »

Après une coupure de quelques semaines, elle a repris le chemin de l’entraînement, toujours à Lausanne, au sein d’un groupe encadré par Michel Herren. « Pour l’instant, on travaille le long, je vais faire quelques courses sur route pour appliquer tout ça… Même si ce n’est pas ce que je préfère (rires). » Son véritable objectif de l’hiver en clair : la salle. « Je ferai peut-être un cross, mais pas plus. Je suis vraiment nulle pour ça, pas assez endurante. » Alors elle restera fidèle à sa discipline de prédilection : le 800m. « J’aime l’aspect tactique de cette course, et en même temps ça ne dure pas trop longtemps. Il faut de bonnes qualités de vitesse. C’est une combinaison qui me plait bien ».

« ÀAix, les gens aiment l’athlé, ça se sent »

Fidèle aussi à l’AS Aix, depuis 2015. « C’est l’un de mes voisins, licencié là-bas le lanceur de javelot Laurent Carron, qui m’a conduit dans ce club. Moi j’avais entendu parler des interclubs élite, j’avais très envie de les faire. À Aix les gens sont gentils, et ils aiment l’athlé ça se sent. »

Ce double maillot lui permettra de passer la frontière à sa guise pour les compétitions, et de profiter de l’émulation française. « Le niveau est plus dense en France. Et puis c’est assez différent : en Suisse les filles sont beaucoup moins agressives, elles se respectent plus. Du coup toutes les courses se ressemblent. Les compétitions en France ressemblent plus à ce qui se fait au niveau international. »

« On se sent vraiment bi-nationaux »

Étudiante à l’EPFL, l’école polytechnique de Lausanne pour devenir ingénieur en génie mécanique, Lore a adapté son cursus pour vivre pleinement son projet sportif. « Je suis passée à 80%, je vais faire mon master en 3 ans. Ce sera plus confortable, comme je suis passée à sept entraînements par semaine, ça devenait compliqué de combiner les deux. »

Entre la France et la Suisse, Lore ne compte pas choisir : « mes deux parents sont Français, on a pas mal bougé quand j’étais petite, puis on s’est installé en Suisse depuis 2005. On se sent vraiment bi-nationaux. J’ai obtenu la nationalité suisse l’an dernier. Cela pourra m’aider pour le travail. Et puis je suis lucide, je sais qu’en équipe de France, je n’aurai jamais eu ma place à Berlin ! »

Jessica Bissay