Sur la route de Berlin – La course contre la montre de Kevin Campion (AFA Feyzin-Vénissieux)

Kevin Campion a son billet pour Berlin… Mais il ne sait pas encore s’il pourra le composter. Sélectionné pour les championnats d’Europe, le marcheur de l’AFA Feyzin-Vénissieux doit composer avec un genou capricieux, qui l’a obligé à revoir ses plans cette saison. Il a pu reprendre sa préparation il y a quelques semaines, et espère être prêt à temps…

Il n’est pas du genre à se cacher. Alors quand on demande à Kevin Campion de parler de sa saison, il ne mâche pas ses mots : « Compliquée ? Je dirai plutôt complètement nulle. Je n’ai pas fait une seule bonne perf ». La faute à un genou gauche qui lui pourrit la vie depuis plusieurs mois. « Ça a débuté cet hiver, j’avais la sensation d’avoir un problème au genou, mais comme je suis souvent seul, je n’avais pas de certitude ». La confirmation a eu lieu en mars à Mérignac, lors des championnats de France sur route. Elle a été brutale. « J’ai été disqualifié parce que je n’arrivais pas à tendre la jambe, à cause d’une gêne mécanique. Chaque appui au sol était douloureux. »

Les examens qui ont suivi ont révélé une batterie de couacs : des kystes, un cartilage abîmé, et une inflammation des tissus notamment. Le Feyzinois a donc dû subir une arthroscopie le 23 mai, pour nettoyer l’ensemble.
Une opération, trois semaines de repos complet, deux semaines de home trainer et de vélo à Font Romeu… Et des sensations pas franchement rassurantes à la reprise. « Le problème est toujours le même. Ça me fait moins mal, mais la gêne est encore présente. Je ne peux pas être en hyper extension, mon genou est bloqué. »
Alors forcément, les interrogations demeurent. « Le chirurgien ne comprend pas, il n’a rien vu lors de l’opération… Il va falloir explorer d’autres pistes. On s’en occupera à l’intersaison. »

« Je progresse de jour en jour, mais je suis lucide… »

Malgré ce souci mécanique persistant, Kevin Campion a repris progressivement l’entraînement, avec Berlin en ligne de mire. « C’est une course contre la montre. Je n’ai plus de douleur mais la forme n’est pas là. Il faut être patient et accepter de marcher à des allures plus faibles que d’habitude… Moralement, c’est compliqué à gérer ».

Pour l’heure, sa participation aux championnats d’Europe est encore incertaine. « Je progresse de jour en jour, mais je suis lucide, je sais que ce sera short pour Berlin. Je prendrai une décision début août avec le DTN de l’équipe de France et le médecin ».

Car le marcheur de l’AFA Feyzin ne revêtira le maillot tricolore que s’il se sent vraiment prêt à l’honorer. « On verra si j’ai le niveau suffisant pour représenter la France. Ça me gênerait d’aller à Berlin en sachant que je ne pourrais pas faire mieux que 1h24 par exemple. Si les allures pour faire 1h20/1h21 ne passent pas à l’entraînement, je ne me présenterai pas. »
Il s’imposera la même décision s’il ne se sent pas capable d’assurer une marche réglementaire. « Techniquement, maintenant ça va, mais il faut que je retrouve de la musculature pour être plus solide quand je tends la jambe ».

En attendant, le postier installé en Haute-Normandie doit composer avec toutes ces inconnues. « Ce n’est pas facile à vivre, j’ai l’impression de mener une bataille au quotidien ! Mais c’est comme ça le sport, il y a des hauts et des bas. On ne peut rien faire d’autre qu’accepter et voir l’évolution au jour le jour. Je suis suivi par un préparateur mental, ça m’aide beaucoup. »

Jessica Bissay (crédit photos : Page Fb Kevin Campion/KMSP)