Records de Ligue du 20ème siècle, analyse

Vous avez pu suivre sur le site la présentation des records de notre Ligue datant du 20e siècle. En Toutes catégories – en principe Senior –  le nombre de records datant du 20e est d’un tiers. C’est énorme.

Or  la progression matérielle à elle seule a vu exploser les performances  au moins en courses. Les détenteurs  étaient de très haut niveau : 6 records hommes et 5 femmes étaient Records de France! 4 seulement des détenteurs du 21ème siècle sont Record de France : Christophe Lemaitre, Térésa Nzola-Meso, Mélina Robert-Michon et Alexandra Tavernier.

Aussi anormal, en Cadet-Junior-Espoir, le pourcentage est aussi élevé: 26 sur 60 chez les hommes, 22 sur 65 en femmes. Dans notre Ligue, la comparaison du 10e sur 5 ans est faite tous les ans : c’est une progression moyenne de 3%.                                

6 des 19 disciplines olympiques records de France féminins et 7 masculins datent aussi du 20e : un gros tiers. 25 des records féminins Jeunes sur 57 et 19 masculins datent du 20e : 40% ! C’est rassurant pour notre Ligue et cela devient un sujet national.

Si on compare (voir annexe) à 50 ans les performances de 1968 avec celles de 2018,  on constate – en notant bien les perfectionnements extérieurs – une progression proche de 5% sur les perfs du 3e ou du 10e en hommes et de 8% en femmes, le nombre de licenciées sans commune mesure.

Jusqu’en 1968, l’athlétisme était l’un des 3 sports « protégés » par le Ministère et il était enseigné massivement dans tous les établissements scolaires. Un athlète doué ne pouvait pas nous échapper. Maintenant ils sont au handball ou au rugby.

De même qu’il est capital de faire savoir que nous sommes le seul sport individuel qui dépasse 200 comités olympiques, il semble important que ce fait soit abondamment commenté, pour que notre Fédération et nos Entraineurs – qui sont formés comme jamais – n’en soient pas accusés. 

Pour Patrice Ragni (ancien Professeur d’EPS puis de sport, entraîneur d’athlétisme), le problème n’est pas Régional mais National. Pourquoi le  hand et le rugby, qui subissent le même affaiblissement de la pratique compétitive scolaire, trouvent des solutions ?  La centration forte sur les résultats des jeunes peut être une explication. La FFA se félicite de ses plus de 300 000 licenciés, mais elle en est restée à la pyramide coubertinienne qui pouvait se comprendre il y a 100 ans.

L’attachement au bénévolat associatif, au maillot et à l’esprit club, aux interclubs est-il sans avenir ? Le recrutement de mercenaires ne suffit-il pas à dégrader le niveau des performances observées ? 

L’athlétisme a une spécificité que n’ont pas le handball et le rugby. Des athlètes s’entraînent hors séances collectives d’un club, parfois même sans entraîneur. Il offre une large palette de corps anatomiques et physiologiques. L’entraînement dans plusieurs disciplines n’y est pas plus pénible qu’en natation, cyclisme, triathlon, boxe…

Une fédération peut décider de favoriser/récompenser en professionnalisant à temps plein ou partiel, en collaboration avec des ligues, des notoriétés seulement nationales. 

Courir, sauter, lancer, marcher plus vite, plus haut, plus loin, est de plus en plus facile avec les progrès des conditions matérielles de pratique, les découvertes scientifiques qui impactent les méthodologies d’entraînement, la place grandissante prise par le sport puis le sport de haut niveau. 

Est-ce la densité des leaders qui « cloche » avec des performers mondo et semelles en carbone, qui peinent à faire mieux voire aussi bien que leurs aînés du siècle dernier ? 

Gregory Duval (Cadre technique de ligue et entraîneur), souligne que les athlètes cités sont de très haut niveau et on sous-estime beaucoup aujourd’hui ce qu’il faut pour atteindre cet état ! On observe un niveau moyen plus faible que par le passé en termes de qualités pures. Ne nous laissons pas tromper par l’apport de l’optimisation de la performance sous toutes ses formes (nouvelles technologies, alimentation pré- et post-compétitive, etc).

Quant aux sports professionnels, ils sont financièrement plus attractifs et médiatiquement plus mis en valeur. Les athlètes recherchent des clubs « payeurs ». Les athlètes de très haut niveau (pour des records de Ligue ou de France), ça se monnaye. Des clubs avec cette logique financière, à ma connaissance, n’existent pas en Auvergne Rhône-Alpes. Donc pour s’approcher de ces records en étant licencié en AURA, il faut un coup de chance et/ou une coïncidence et/ou du talent… Saupoudré de beaucoup de travail.

Et pour ne pas non plus nous dédouaner, peut-être que les entraîneurs d’aujourd’hui sont moins bons que par le passé ?

Jean-Jacques Behm