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Coachs confinés : Attila Kormendi (Clermont AA)

  Ils avaient l’habitude de passer leurs soirées au stade, ils doivent désormais se contenter des plans par mail et des conseils par téléphone… Confinement oblige, les coachs ont eux aussi dû faire preuve d’une sacrée capacité d’adaptation. Comment nos techniciens régionaux vivent-ils cette période si particulière ?  Aujourd’hui Attila Kormendi, entraîneur franco-roumain qui officie au Clermont AA depuis plus de dix ans, a accepté de partager son quotidien

« Au départ, ça a été difficile. La première semaine j’ai eu du mal à y croire. En me réveillant je me disais que ce n’était qu’un mauvais rêve… Mais on finit par s’adapter. On est athlète, on a cette capacité-là. »

Depuis quelques semaines Attila Kormendi, entraîneur au Clermont AA, a dû réinventer sa pratique. « Ça demande une nouvelle organisation. On a fait des groupes sur les réseaux sociaux, on se lance de petits défis pour garder le lien ».

Et apprendre à se contenter de moins : « c’est difficile de parler entraînement sans objectif. Toutes les compétitions sont annulées jusqu’à… J’envoie une séance par semaine au groupe, axée renforcement/étirements. Le but c’est de garder un minimum d’activité physique. Pour le bien-être mental et physique. Pour la perf, on verra plus tard. »

« L’essentiel, c’est de garder le moral et de se faire plaisir »

Au sein de son groupe « très hétérogène », où se côtoient le sauteur en longueur Bryan Mucret (vice-champion de France cet hiver), plusieurs athlètes de niveau national et régional, les besoins ne sont pas les mêmes pour tous. « Ceux qui ont envie me contactent pour avoir plus d’entraînements. Chacun fait en fonction de sa motivation et de son envie. Pour moi l’essentiel en ce moment c’est de garder le moral et de se faire plaisir ».

Et dans un tel contexte, il est important de relever le positif : « on peut prendre plus de temps pour travailler certains points faibles, comme les étirements. C’est aussi une bonne période pour faire de la préparation mentale. »

Comme tout le monde, il est dans le flou pour la suite. « On ne sait pas comment on va s’en sortir, mais à mon avis il n’y aura pas de saison. À la reprise, l’objectif principal des athlètes sera de voir leurs proches, de profiter… Ce ne sera pas les compétitions ». Seule certitude, et elle le désole, il n’y aura pas d’Interclubs cette année. « Je ne connaissais pas cette fête avant d’arriver en France. J’adore. Des athlètes de tout âge, de toutes spécialités, acceptent de boucher des trous juste pour rapporter des points. Ça va être bizarre de ne pas vivre ça. »

« Après tout ça, la fête sera encore meilleure »

Professeur d’EPS, il s’adapte à un quotidien chamboulé. « Je travaille en classe virtuelle. Je ne me plains pas j’ai un grand appartement, un balcon. Le plus difficile c’est d’être seul. Ma famille est en Roumanie. D’habitude je passe tout mon temps au stade. »

Alors, ses passions du confinement ? « J’en profite pour cuisiner, je suis très gourmand ! Je regarde aussi des conférences que partagent d’autres coachs, et je lis enfin des bouquins qui sont dans ma bibliothèques depuis des années. »

De maigres palliatifs pour combler grand vide. « Ce qui me manque le plus, c’est d’être fatigué à la fin de la journée, d’être présent sur le stade, d’échanger avec les athlètes ». Pas question pour autant de se plaindre, le coach reste positif : « il faut garder le moral, après tout ça la fête sera encore meilleure ».

Jessica Bissay (Crédit photos : Attila Kormendi / Clermont AA)

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