Licencié FFA depuis seulement quelques mois, Cédric Gazulla (EA Saint-Chamond) a découvert le 100 km à Millau, en septembre 2017. Une première prometteuse (3ème en 7h16) qui lui a donné envie de remettre ça le week-end dernier, à l’occasion des championnats de France. Essai transformé puisque le Ligérien a remporté le titre, et décroché au passage sa première sélection en équipe de France.
>> 7h14 de course sur les bords de la Dordogne, et à la clé un premier titre de champion de France… Comment avez-vous vécu ce 100 km ?
Je suis parti vite, à la limite haute de ce que je pouvais supporter. J’étais en troisième position. Jérôme Bellanca (SC Blagnac, champion de France en titre, ndlr) a abandonné au quinzième (victime d’une contracture ndlr), et j’ai doublé l’autre concurrent peu avant le marathon. J’ai lutté jusqu’au bout, pas pour la place car j’ai compris à 25 km de l’arrivée que sauf catastrophe elle était acquise, mais pour le chrono. Mon objectif principal était de décrocher ma sélection en équipe de France, et pour cela il fallait courir en moins de 7h15. Je termine juste sous la barrière… J’aurais aimé faire un peu mieux, mais avec la chaleur c’était compliqué !
>> Comme le prévoit le règlement, chaque coureur était suivi par un accompagnateur en vélo. Avec qui avez-vous fait équipe ?
J’étais accompagné par Patrick Ruiz, un ami licencié au Coquelicot 42, habitué des longues distances et membre de l’équipe de France des 24h. Le cycliste a un rôle très important, parce que plus la course avance plus on perd en lucidité. L’accompagnateur est là pour rassurer, éviter les grosses erreurs… Il va à la pêche aux informations pour connaître les écarts, assure les ravitos… Moi j’ai eu la chance de pouvoir compter sur quelqu’un qui connaît bien ce type d’efforts. Il m’a beaucoup aidé, m’a poussé pour aller chercher les 7h15.
>> Initialement, vous êtes plutôt familier du monde du trail… Comment êtes-vous arrivé sur la route, et sur ce type de distance ?
C’est vrai qu’à la base je suis adepte des trails longues distances, entre 70 et 100 km. J’ai essayé Millau en septembre dernier parce que mon entourage m’a poussé en me disant que je pouvais faire quelque chose de sympa… J’ai fini 3ème, j’ai bien aimé, c’est une course mythique ! Suite à ce résultat les sélectionneurs de l’équipe de France m’ont contacté en me disant que si je confirmais à Belvès, je pouvais avoir ma chance pour les sélections… Donc j’ai décidé de me préparer. En fait j’y ai pris goût !
>> Justement, comment se prépare-t-on pour ce type d’épreuves ?
Je m’entraîne au moins six fois par semaine : cinq séances de course, une de vélo. Par rapport à d’autres, je fais moins de kilomètres en courant, mais plus de vélo. Je privilégie plutôt la qualité, bien sûr il faut aussi de la quantité, mais bien dosée, sinon on se fatigue plus qu’on ne progresse. Je fais toujours de longues sorties, comme quand je préparais des trails, mais elles se font sur route, je fais plus de bornes et pas de dénivelé. J’ai beaucoup plus de séances sur piste, pour travailler la vitesse. C’est ce qui change par rapport à la prépa trail. Et puis je marche aussi pas mal… parce que je suis facteur dans le centre ville de Saint-Etienne.
>> Votre biographie FFA est assez succincte puisque vous avez pris votre première licence cette saison. Comment êtes-vous arrivé à l’EA Saint-Chamond ?
J’ai commencé la course à pied sur le tard. J’ai disputé ma première Sainté-Lyon en 2010, avec pour seul objectif de terminer. Je me suis pris au jeu petit à petit, je suis vraiment à fond depuis 2015. Jusqu’à cette saison je n’étais pas en club, je m’entraînais avec Rodolph Bier qui m’envoyait des plans. Cette année comme je voulais faire des championnats, il fallait que je trouve un club, donc je suis allé dans celui de mon coach, l’EA Saint-Chamond.
>> Ce titre et cette perf’ vous ouvrent les portes de l’équipe de France pour les prochains championnats du Monde de la discipline…
Ce sera officiel dans quelques jours, mais normalement c’est bon ! Ce n’est que du bonheur ! Moi-même je n’arrive pas à y croire. Les championnats du Monde ont lieu en Croatie, en septembre. Je vais prendre le temps de bien récupérer, puis je commencerai la préparation courant juin. Toute ma famille et mes amis sont comme des fous, ça fait plaisir à plein de gens, c’est top ! Je me dis que toutes ces heures d’entraînement n’ont pas servi à rien… Mais je ne me prends pas pour une vedette non plus (rires).
Jessica Bissay