Dans l’Ain, l’EA Bourg en Bresse sait qu’il faudra « redonner goût à l’athlé »

Après les athlètes, leurs entraîneurs, nous avons voulu voir comment les clubs traversaient cette période  bien particulière. D’ordinaire si actifs, ils se retrouvent tous en pause pour une durée encore indéterminée. Nouvelle étape dans l’Ain, où l’EA Bourg-en-Bresse, section locale de l’EA Bressane, s’emploie à maintenir le lien avec ses licenciés… et se prépare à « redonner l’envie de pratiquer » dès que la situation sanitaire le permettra.

Des défis, des jeux, des newsletters… Depuis le début du confinement, les dirigeants de l’EA Bourg-en-Bresse ne ménagent pas leurs efforts pour continuer d’entretenir le lien avec leurs quelque 300 adhérents. Une évidence pour Sophie Guillon, responsable technique de la section membre de l’EA Bressane, qui compte au total 750 licenciés. « C’est important de montrer qu’on est toujours là, de garder le contact ».

De l’autre côté de l’écran, les réactions sont pourtant timides. « Il faut reconnaître qu’on a peu de retours des adhérents. J’en ai discuté avec d’autres clubs, avec le comité, ils partagent ce constat. Et la durée du confinement n’arrange rien. Les premières semaines on avait davantage de réponses à nos mails, là on en a de moins en moins », déplore-t-elle. Pour autant la salariée aux multiples casquettes (responsable administrative, entraîneur loisirs, entraîneur jeunes, juge) n’en perd pas sa motivation : « ce n’est pas parce qu’on n’a pas de retour que les séances ne sont pas faites. » Par contre, elle en tire des enseignements. « J’ai arrêté les défis, j’en avais prévu plus mais c’est trop long, certains ont du mal à nous envoyer leurs vidéos. Je vais réfléchir à quelque chose de plus court ». Dans ce contexte, elle apprécie le soutien de son comité : « L’équipe technique départemental nous envoie des séances. On se sent moins seuls, on voit qu’on est soutenus ».

Plus de monde en compétitions cet hiver…

Une dynamique également entretenue par les entraîneurs : « Ils ont créé des groupes sur les réseaux sociaux, et proposent des séances toutes les semaines ». Ils constatent qu’en cette période, les inégalités ressortent : « On n’a pas tous les mêmes conditions de confinement. Entre les athlètes qui s’entraînent à la campagne et ceux qui sont en ville, on voit l’écart. Certains en ont marre de ne faire que du renfo ! »

Puisqu’il est écrit que la saison estivale sera blanche, les entraîneurs se sont déjà tournés vers la saison hivernale, pour remobiliser les troupes. « On proposera sans doute une saison hivernale en salle, en plus des cross, à davantage de monde. Même si ce ne sera pas simple puisque cela implique d’avoir des juges, du monde pour faire les trajets… Après s’il est possible de faire des compétitions à l’automne les athlètes répondront présents, mais pour l’instant on n’en parle pas, on ne veut pas leur faire de fausses joies ».

« Il y a une crainte de perdre des adhérents »

Pour l’heure, le club travaille à sa reprise : « on est en train d’étudier plusieurs propositions. Dès que l’on peut reprendre en sécurité, on le fera. Sans doute pas par de vraies séances, il faudra se réadapter pour éviter les blessures. Certains risquent de repartir de zéro ».

La priorité sera claire : « redonner goût à l’athlé » pour éviter la fuite des licenciés : « il y a une crainte de perdre des adhérents, dans toutes les catégories. On ne va pas couper au mois d’août cette année, on proposera des séances tout l’été. Pour que nos athlètes retrouvent l’envie de pratiquer. On espère pouvoir faire des rassemblements ponctuels, en alternant les catégories pour éviter d’avoir trop de monde sur le stade. On y a déjà réfléchi, on attend les consignes pour se mettre en place. Mais c’est sûr qu’il sera important de recréer du lien. »

Octobre Rose : « On se pose pas mal de questions par rapport aux partenaires »

Toujours dans cette optique, la traditionnelle fête du club qui se déroule normalement début juillet pourrait être décalée à la rentrée : « ce serait comme une transition ». Une transition vers la nouvelle saison, marquée dès le mois d’octobre par un rendez-vous important, « Octobre Rose ». Une manifestation qui rassemble en moyenne 800 personnes. « J’espère qu’elle pourra avoir lieu. On se pose pas mal de questions par rapport aux partenaires. Normalement ils nous donnent des lots, mais là beaucoup sont en crise, on ne sait pas s’ils pourront maintenir leurs dons ».

Une fois le confinement terminé, Sophie Guillon ne regrettera pas son statut actuel de coach en télétravail : « Je n’ai jamais eu autant de week-ends de ma vie. Là, normalement c’est la pire période. Je suis juge également, alors d’habitude je ne suis jamais à la maison. Ça fait bizarre, et ça me manque ! J’ai hâte de sortir, de bouger normalement ».

Jessica Bissay (crédit photos : EA Bourg en Bresse)