Elea Mariama Diarra (DMA) tourne la page du haut niveau

Eléa-Mariama Diarra (Décines Meyzieu Athlétisme) avait imaginé un autre scénario pour ses derniers mois à haut niveau. Terminer l’année de ses 30 ans, par de belles émotions à Tokyo puis à Paris, c’était le rêve ! Malheureusement, on connaît tous la suite de l’histoire…
Alors la spécialiste du 400m a tergiversé, puis elle a tranché : cette drôle de saison 2020 sera bel et bien sa dernière. Sans amertume, sans frustration. Comblée par la naissance prochaine d’un(e) petit(e) athlète qu’elle attend avec celui qui l’accompagne sur la piste et dans la vie… 

 

L’année 2020 a été difficile. Frustrante. Déprimante. Mais elle se termine dans la sérénité pour Eléa-Mariama Diarra. « La perspective de la maternité a tout effacé. Bon, c’est peut-être un peu cliché de dire ça comme ça, mais j’assume (rires) ! Je suis en paix avec ma nouvelle vie ».

Après douze ans de haut niveau, la spécialiste du tour de piste a officiellement raccroché les pointes cet automne, laissant derrière elle une dernière saison chaotique. « J’ai eu beaucoup de mal à vivre cette année 2020. J’avais à cœur de dépasser la saison 2019, qui avait été compliquée. Cet hiver je me suis beaucoup investie à l’entraînement mais aussi dans la recherche de partenariats. J’ai mis du temps à retrouver des sensations… Et elles sont revenues pile au moment du premier confinement ! »

L’incertitude de trop…

Comme tout le monde, l’athlète du DMA s’adapte alors, et poursuit sa préparation. Mais vient le premier coup dur : le report des Jeux Olympiques. Puis quelque temps après le coup de grâce : l’annulation des championnats d’Europe. « Je savais que je vivais ma dernière saison, et c’était très important pour moi de finir à Paris, c’était un rêve. Je me doutais que ça allait être reporté, mais alors annulé… Ça a été un coup fatal pour ma motivation ».

Avec son coach Grégory Duval, elle tente d’encaisser, et choisit alors de se « rabattre » sur du sprint pour cette drôle de saison qui se profile. « On s’est dit que ce serait toujours bénéfique. Mais sans objectif à court terme, je n’avais plus de motivation. J’ai recommencé à avoir des douleurs aux tendons… Bref, je n’y étais plus ». Alors que faire : Arrêter là ? Pousser jusqu’en 2021 ?  » Il y a déjà tellement de constantes qu’on ne gère pas dans une carrière de haut niveau… Là avec en plus l’incertitude du calendrier, c’était trop pour moi ».

Son enseigne sport/santé/bien-être : « un deuxième bébé en préparation… »

Couple sur la piste, couple dans la vie, le duo Eléa/Greg décide alors de jouer sur deux tableaux, et de laisser trancher le destin : « On avait un projet de bébé depuis longtemps. Alors en juin, on s’est dit qu’on allait essayer. Soit ça fonctionnait rapidement, soit on faisait une dernière saison. Dans tous les cas, on aurait été contents ! Moi, j’étais persuadée que ce serait long… Et en fait je suis tombée enceinte immédiatement. Donc ça a coupé court à toutes les autres perspectives ».

Elle accroche son dernier dossard fin août, comme lièvre au MNEL. « Sur ma piste, dans mon club, pour rendre service… C’était important pour moi de terminer comme ça. J’étais enceinte de sept semaines mais personne ne le savait. À cette période j’étais malade toute la journée, au moins j’étais affûtée (rires) ».

Sa reconversion, elle l’avait imaginée avec un concept store hybride, mêlant sport, santé et bien être : des cours de sport, un salon de thé, une boutique, des cabines de lumière rouge… Un projet complexe à monter, qu’elle reprendra deuxième semestre 2021. Et d’ici là, elle gère les réseaux sociaux de l’un de ses partenaires, Helight. « C’est une start up de la région lyonnaise qui propose des appareils diffuseurs de lumière rouge. On s’est trouvé au bon moment ».

« Je ne me vois pas loin des pistes trop longtemps »

Si le travail et la grossesse l’ont aidé à tourner la page du sport de haut niveau, elle ne s’imagine pas vivre sans athlé. « Je ne me vois pas loin des pistes trop longtemps. Je serai toujours présente, mais différemment. » Elle est d’ailleurs entrée récemment au comité directeur de son club de toujours, le DMA. « J’ai envie de redonner tout ce que j’ai reçu, de m’impliquer d’une autre manière ». Et parce qu’elle reste compétitrice, son coach lui a déjà trouvé un challenge post-grossesse : « On s’est dit que ce serait sympa que j’ai toujours ma place en équipe 1 aux Interclubs. Dans n’importe quelle discipline : la perche, la marche… Bon pas pour 2021 puisque j’accouche en avril ! »

Un(e) futur(e) athlète qui pourra rendre jaloux tous ses copains en racontant le palmarès de sa maman à la récré : quinze sélections en équipe de France (entre 2008 et 2019), quatre médailles internationales, deux titres de championne de France élite sur 400m… Et bien plus encore.  « Je ne garde que des bons souvenirs, j’ai passé des moments inoubliables. J’ai vécu des sensations qu’on ne connaît que dans le sport. Je n’oublie pas mes nombreuses blessures et les moments difficiles, mais je garde la fierté d’avoir réussi à revenir, même quand on me disait que ce ne serait pas possible. »

L’athlétisme régional perd une athlète de haut niveau, mais gagne une dirigeante bénévole doublée d’une belle personne avec une tête bien faite.

Jessica Bissay

(Crédit photos : KMSP-FFA/Philippe Millereau – Page Facebook Elea Mariama Diarra)