EN TÊTE-A-TÊTE AVEC… Eléa Mariama Diarra (Décines Meyzieu Athlétisme, 400m)

Après plusieurs années de galère, Elea Mariama Diarra poursuit sa reconstruction. Si cette saison a été difficile pour la licenciée du DMA, sa persévérance a été récompensée de belle manière, avec une sélection aux championnats d’Europe et aux JO de Rio, au sein du collectif 4x400m.

 

Elle a connu les saisons blanches, les opérations, les doutes inhérents aux blessures qui n’en finissent pas… Alors même si elle aurait aimé avoir un billet individuel pour Rio, elle se contentera volontiers de celui que lui offre le relais 4×400. Il y a à peine un an, Elea Diarra regardait les Mondiaux de Pékin depuis son lit d’hôpital, fraîchement opérée des deux tendons d’Achille (ablation des tendons plantaires grêle). « Je savais que je prenais un risque en tentant cette opération à moins d’un an des JO », reconnaît l’athlète du Décines Meyzieu Athlétisme.

Dès lors, elle a commencé sa course contre la montre. « La rééducation a été très dure. Même si on s’en doute on ne peut jamais imaginer à quel point ça va être compliqué. Il a fallu que je m’accroche tout l’hiver, j’ai pris de grosses claques lors des premières séances sur la piste. » Mais à force de persévérance, le travail a payé. « J’ai commencé à retrouver des sensations au retour des beaux jours, en stage. » Mieux, la spécialiste du tour de piste a découvert de nouvelles sensations. « J’avais l’impression d’avoir perdu mes pieds tellement ça me faisait bizarre de ne plus avoir de douleur au tendon. Je m’étais déjà fait opérer en 2008, parce que depuis 2007 je souffre de tendinites à répétition. »

 

Petit à petit, elle a fait descendre les chronos, jusqu’à répondre présente aux championnats de France Elite à Angers, le 25 juin dernier (5ème en 52 »74). Une perf’ qui lui a valu sa place dans le relais 4x400m aux Europes à Amsterdam.« Jusque là, je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai fait de bons chronos », réajuste-t-elle aussitôt. « J’aurais aimé réaliser les minima en individuel, mais j’ai manqué de temps. » Alors elle relativise. « Il ne faut pas voir que le négatif, c’est loin d’être une saison parfaite mais j’ai su être là au bon moment. Malgré un début de saison très compliqué j’ai atteint mes deux objectifs principaux : les Europe et les JO. »

A Rio, elle espère disputer « au moins les séries ». Les voyants sont en tout cas au vert puisqu’elle a amélioré son record personnel lors de sa dernière course, le 23 juillet à Bruxelles (52 »23). Et c’est déjà une belle source de satisfaction en cette année olympique. « C’est une saison avec beaucoup de stress et de pression pour tout le monde, sans doute un peu plus pour moi. Bizarrement, c’est l’année où j’ai le plus douté. Je sais qu’il faut faire confiance à son coach et à son staff médical, mais je n’arrêtais pas de me poser des questions, alors que je n’avais aucune douleur. »

 

Pour mettre toutes les chances de son côté, la protégée de Grégory Duval a choisi de vivre « comme une sportive pro » depuis février : « Je termine mon master en école de commerce, spécialisation communication et stratégie des marques. J’ai décalé mon stage de fin d’études à septembre. Je n’avais que l’athlé à l’esprit. Si c’était à refaire, je ne sais pas si je m’organiserais comme ça. On fait tout pour être dans de bonnes conditions, mais ça rajoute de la pression, parce que l’on se dit que l’on n’a pas le droit d’échouer. »

 

Plus que jamais, Eléa sait aujourd’hui qu’elle ne veut pas que son petit monde ne tourne qu’autour de l’athlé. « J’ai 26 ans, j’ai envie de rentrer dans la vie active. L’idéal serait de trouver un mi-temps, mais je sais que c’est utopique. La communication, c’est un milieu où on bosse plutôt 60h par semaine ! Peut être qu’il faudra que je fasse un choix, je verrai en fonction de ce qu’on me propose… ».

Depuis ses débuts, Eléa s’entraîne sous le regard de Grégory Duval, au sein d’un groupe particulièrement étoffé. « Il y a certaines personnes que je côtoie depuis que je suis minime. Ce groupe m’apporte énormément, il y a une vraie émulation. L’athlé c’est un sport individuel, mais là on se sent soutenu. » Attachée à son cadre d’entraînement, elle l’est aussi à son club. « Je suis quelqu’un de fidèle. Je pense que c’est important d’avoir de la stabilité pour un projet à long terme. »

 

Un projet qu’elle construit en collaboration avec la ligue Rhône-Alpes, depuis des années. « La ligue a été l’un de mes premiers soutiens. Avec la création du groupe RAEA (Rhône-Alpes Elite Athlétisme) j’ai senti un vrai projet. Les gens sont à l’écoute, très humains. C’est rassurant il n’y a pas que le côté résultats. »

Crédit photo : (FFA) KMSP – Philippe Millereau et Stéphane Kempinaire