L’interview croisée – Elsa et Naïs Racasan (Evian Off Course) : « On stresse plus pour l’autre que pour soi »

Elles trustent chaque saison les podiums régionaux et nationaux et ont toutes deux portés plusieurs fois le maillot de l’équipe de France. Dans le petit monde du demi-fond, Elsa et Naïs Racasan se sont fait un prénom. Parce que chacune est la première supportrice de l’autre, elles se sont prêtées au jeu de l’interview croisée…

  >> Quelques mots pour vous présenter ?
Naïs : J’ai 16 ans, je suis en première S à Evian. J’ai commencé l’athlétisme vers 8 ans et je m’entraîne toute l’année avec Evian Off Course. Ma spécialité actuelle est le 800m.
Elsa : Moi j’ai 21 ans, j’ai commencé l’athlétisme vers 11 ans. Je fais mes études universitaires à Houston aux États-Unis depuis 2014. Je m’entraîne donc avec mon université de Rice 8 mois par an, et avec Evian Off Course quand je rentre en France. Ma spécialité actuelle est plutôt le 1500m.

>> Pourquoi avoir choisi l’athlétisme ? Le demi-fond en particulier ?
Naïs et Elsa : On était très actives déjà petites (natation, vélo, tennis, ski, danse…). Quand on se promenait avec nos parents, on courait partout sans se fatiguer ! À l’école primaire, on gagnait souvent les cross, même devant les garçons ! On s’est dit que ça pouvait être cool de se mettre à l’athlétisme ! Et en plus de cela, notre papa était un coureur de haut niveau, tout comme notre grand-mère. On a donc toujours été baignées dans ce sport.

>> Que dire sur votre club ? Votre coach ?
Naïs et Elsa : On fait toutes les deux parties du petit club d’Evian Off Course. On s’y sent comme en famille, tout le monde nous suit et nous soutient dans nos objectifs sportifs. C’est un club consacré uniquement à la course à pied, du coup il est très facile d’organiser des sorties collectives en ville, en montagne, ou autour du Lac Léman. Ces dernières années, beaucoup de jeunes sont arrivés, et c’est super de pouvoir leur servir d’exemples ! Notre Coach Pascal Crouvizier est très investi dans le club et avec chaque athlète. Il arrive à jongler entre entraînements « light » pour les jeunes, sorties longues avec les seniors, et séances spécifiques sur piste pour nous. Il fixe de grands objectifs, a confiance en nous, et garde toujours le sourire dans les moments difficiles.

>> Est-ce que vous faîtes les séances ensemble ? A quoi ressemble votre semaine type en termes d’entraînements ?
Naïs : Elsa s’entraîne aux Etats-Unis 8 mois par an donc la plus grande partie de l’année on ne s’entraîne pas ensemble. Mais à chaque fois qu’on se retrouve sur le même continent, oui on court ensemble ! Une semaine type pour moi c’est séance le mardi soir, jeudi soir, et dimanche matin ; renforcement musculaire mercredi et une sortie longue. Mais ça varie chaque semaine en fonction des échéances ! J’essaie aussi de nager pour être plus puissante.
Elsa : Moi je m’entraîne plus depuis que je suis aux États-Unis, et surtout car je suis plus âgée. Une semaine type serait : footing, côtes/escaliers et musculation le lundi, séance le mardi, séance et musculation le mercredi, repos le jeudi, footing le vendredi, séance le samedi, sortie longue le dimanche. De temps en temps j’essaie aussi d’ajouter des sorties vélo ou natation.

>> L’interview croisée/décalée…

> La plus assidue à l’entraînement ? Elsa, tout simplement parce qu’elle a plus d’expérience. Mais on sait toutes les deux l’importance de bien s’entraîner.
> La meilleure en gainage ? Naïs ! Parfois elle tient sur ses bras en planche pendant 5min…
> Celle qui oublie souvent les étirements en fin de séance ? Naïs… 
> Celle qui râle le plus pendant les séances ? Naïs à coup sûr. Le plus drôle c’est de compter le nombre de fois où elle se plaint par entraînement.
> Celle qui fait le plus attention à son équilibre alimentaire ? On a toutes les deux des bonnes habitudes alimentaires depuis petites (grâce à une maman en or). Mais parfois Naïs s’en préoccupe un peu plus.
> Celle qui fait le plus attention à son look de sportif ? Naïs, elle met toujours 20min à choisir sa tenue. Mais bon en même temps Elsa porte du rose sur du rouge avec une casquette verte…
 > Un domaine dans lequel elle est meilleure que vous ? Naïs est meilleure sur la vitesse (- 400m). Elsa est meilleure sur le plus long.

 > Votre meilleur souvenir (athlétique) ensemble ?
Elsa : c’est dur d’avoir des souvenirs vraiment ensemble sachant que je suis aux États-Unis huit mois par an. Mais j’ai été la plus heureuse quand elle a gagné les championnats de France sur 800m cet hiver en salle, au même endroit que moi 4 ans après. J’ai suivi la course en direct et je n’ai jamais été aussi heureuse !
Naïs : mon meilleur souvenir c’est quand je n’avais encore que 12 ans et qu’Elsa est devenue championne du Monde de course en montagne (2014) ! Entendre la Marseillaise grâce à sa sœur, il n’y a rien de plus beau.
> Sa principale qualité ? 
Elsa : Naïs a toujours quelque chose à dire, elle ne s’arrête jamais ! À l’entraînement avec elle, ça fait passer le temps plus vite et je m’amuse beaucoup. 
Naïs : Elsa me motive trop, c’est une véritable source d’inspiration. Elle est pleine de qualités : humble, drôle et positive.
 > Son principal défaut ?
Elsa : comme j’ai dit, elle ne s’arrête jamais ! Elle se pose beaucoup trop de questions et elle se retrouve souvent submergée par du stress inutile. La veille de l’une de ses courses en équipe de France, elle m’a appelée à 19h, heure américaine, car elle ne dormait pas. C’était l’équivalent de 2h du matin avant sa course… Elle manque un peu de confiance en elle, mais je suis sûre que ça va venir avec le temps.
Naïs : Elsa a tendance à se sous-estimer et à ne pas placer la barre le plus haut possible. Aussi, elle a du mal à se reposer et diminuer ses activités quotidiennes à l’approche d’échéances.
> Votre principal point commun ? On aime toutes les deux courir pour le plaisir mais dans la tête on veut la gagne.
> Ce qui vous énerve le plus chez elle ?
Elsa : Naïs m’énerve quand elle se préoccupe trop des autres concurrentes et n’a pas confiance en son propre talent.
Naïs : ce qui m’énerve c’est quand Elsa n’est pas assez motivée, et qu’elle ne fait pas le maximum pour y arriver.
> Quelque chose que vous n’avez jamais osé lui dire ? On stresse plus pour l’autre que pour soi-même !

Jessica Bissay