Il faudra compter sur lui à Tokyo. Hassan Chahdi (AL Voiron) l’a prouvé début décembre en réalisant pour la 2ème fois les minima olympiques lors du marathon de Valence. L’Isérois s’est offert par la même occasion un nouveau record personnel (2h09″14). De quoi prendre une bonne dose de confiance à quelques mois des jeux, au terme d’une année pleine de changements…
>> Dans quel état d’esprit étiez-vous sur la ligne de départ de ce marathon, le 6 décembre dernier ?
J’avais pas mal de doute quant à mon état de forme. J’ai été malade en octobre et j’ai dû couper l’entraînement deux semaines. La forme est bien revenue, mais j’avais peur d’être un peu juste. Et puis je n’avais pas couru de marathon depuis presque deux ans, donc forcément j’avais pas mal d’incertitudes. Heureusement je commence à avoir de l’expérience sur la distance, ça m’aide à l’appréhender.
>> Comment s’est passée la course ?
Je suis parti assez vite, un peu trop pour moi je le savais mais j’ai voulu rester avec le groupe de tête le plus longtemps possible pour m’économiser et m’abriter du vent. À partir du 20ème km, on s’est retrouvé à trois. J’ai commencé à sentir un peu de fatigue dans les jambes donc je suis passé en gestion, pour ne pas empirer cette sensation. Puis je me suis retrouvé seul, mais j’ai réussi à rester régulier. Sur la dernière partie de course, j’ai senti que le petit groupe derrière moi revenait progressivement, ça m’a bien poussé. Quand ils m’ont doublé j’ai réussi à m’accrocher et à relancer.
« Heureux de revenir dans ma région »
>> Avec ce chrono, vous confirmez les minima olympiques que vous aviez déjà validés à Séville, début 2019. Comment envisagez-vous les prochains mois ?
Je suis focalisé sur l’objectif JO, ça va arriver vite. Je vais prendre le temps de bien me préparer. J’espère être à mon meilleur niveau au printemps, pour ensuite pouvoir travailler les détails et l’acclimatation. Je vais faire des stages à l’INSEP, en chambre thermique, pour reproduire l’humidité et la chaleur de Tokyo.
>> En attendant, peut-on dire que le chrono réalisé à Valence valide les virages que vous avez pris en 2020 ?
En tout cas c’est rassurant. C’est vrai qu’après cette année particulière, je suis d’autant plus content ça se soit bien passé. Il y a eu effectivement pas mal de changements dernièrement : je suis revenu vivre à Montélimar, et je m’entraîne tout seul depuis le mois d’avril.
>> Pourquoi avoir quitté la région parisienne ?
Pour des raisons familiales. En terme de qualité de vie, on ne se voyait pas rester sur Paris. On a choisi Montélimar notamment par rapport au travail de ma femme. Je suis attaché à ma région, je suis heureux d’y revenir. Comme ça je suis plus proche de mon club de cœur, l’AL Voiron, même si je ne peux pas y aller souvent.
En manque de cross…
>> Et l’autre changement majeur, c’est donc la fin de votre collaboration avec Jean Claude Vollmer, qui était votre entraîneur depuis cinq ans…
A distance, c’est devenu compliqué de travailler ensemble. J’ai cherché quelqu’un d’autre mais ce n’est pas évident : il faut quelqu’un qui soit prêt à s’investir énormément, bénévolement, quelqu’un avec qui j’ai un bon feeling… Je ne suis pas facile à entraîner. Pour l’instant, je fais mes plans tout seul, j’envisage de continuer comme ça. Le plus dur, c’est de gérer les imprévus. Nous, athlètes, on cogite vite. Le coach, lui, a plus de recul. Le report des JO m’a beaucoup déstabilisé. C’est un gros objectif qui s’est écroulé. Il a fallu tout repenser, tout remettre en question. Avec le premier confinement, j’ai appris à m’adapter, en faisant des séances sur home trainer notamment.
>> Comment voyez-vous le début d’année 2021 ?
J’espère qu’on aura des compétitions ! J’aimerai participer aux cross. Au niveau de l’envie, de l’ambiance, de l’effort… Cette discipline me manque. C’est différent de la route qui est plus monotone. Ça fera du bien de changer et puis c’est une bonne préparation.
Crédit photos : Page Facebook Hassan Chahdi