C’est à Innsbruck, dans le Tyrol autrichien, que se sont retrouvés tous les amoureux des grands espaces, les disciplines y ayant été regroupées.
Le Kilomètre vertical ouvrait les hostilités
3 des 4 sélectionnés étaient auristes, guidés par l’expérimenté Emmanuel Meyssat (ACT) : 5 titres de Champion de France avant de commencer à accumuler en Masters, à Carhaix.
« On ne voyait pas l’arrivée tellement c’était pentu » déclare le cycliste Quentin Meyleu (CAA). Avec l’Alsacien Klein, ils allaient courir groupés : Emmanuel 16e , Meyleu 18 à 7 secondes et Klein 21, offrant la 5e place et la 2e européenne : « On est à notre place » conclut Manu Meyssat.
Une seule fille avait pris le départ, Christel Dewalle licenciée à Saint-Julien 74 ; 3e mondiale en 2016, elle s’est laissé surprendre par le départ rapide malgré la pente vertigineuse. Elle n’a cessé de remonter pour terminer 5e.
Les résultats dépassent les espérances
Le trail soi-disant « court », enchaîne avec 4 auristes femmes sur 5, 3 sur 5 chez les hommes, avec 45 km dont 3000 m de dénivelé positif !
Clémentine Geoffray (Go For It Running – Grand Chambéry), ne possédait à son actif que son premier récent titre de championne de France, même si elle avait remporté 2 fois le titre en Espoir il y a 7 ans. Elle était partie tellement prudemment que, quand elle demandait des renseignements sur l’arrière, on lui répondait que c’était devant qu’il fallait regarder. Elle se trouvait en tête sur le dernier plat avant une descente de 1000 m de dénivelé. Plus de 9 km à l’heure sur un tel parcours, avec alternance de soleil et de crachin !
Elle ne voulait s’avouer victorieuse qu’à la vue de l’arche et remercier son entraîneur, le Ligérien Philippe Propage. Dopée par l’annonce de la victoire de son équipière, l’ex-lyonnaise de l’AS Saint-Julien 74, Louise Serban-Penhoat, remontait à la 10e place devant Lucille Germain obtenant ainsi l’or ! Marie Goncalves (DMA), pourtant gênée par la préparation au métier d’avocat, terminait 28e .
Chez les hommes, le champion de France Thibaut Baronian confirmait par une prometteuse 4e place, devant Frédéric Tranchand 9e.
3e Européen l’an passé Thomas Cardin (Taillefer Trail Team), lui aussi conseillé par Propage, ne lui obéissaait pas en partant très vite… trop : au point de s’oublier tout le deuxième tiers de la course. « J’ai pris des risques au début, ça paraissait presque trop facile. Puis d’un coup, l’interrupteur a basculé de on à off. Pendant une heure et demie, c’était une souffrance, j’étais à deux doigts de l’abandon ». déclare-t-il à Athlé-Mag.
Julien Rancon (AL Echirolles), à 43 ans, termine 42e . Les Français obtiennent le bronze.
Le trail long : 86 km, 6500 m de dénivelé positif !
Non seulement ils ne sont pas fous, mais pratiquent des métiers difficiles à obtenir ; un milieu intrigant.
Le trail long comportait 2 femmes et 4 hommes Auristes sur 5 (en tout 6 sur 10 étaient auristes).
Pas le temps de se remettre : tous les bleus sont là, surtout sur les crêtes pour encourager leurs camarades.
Ce n’est qu’au 70e km qu’ils furent stupéfaits de voir Benjamin Roubiol (Annecy Athlétisme) prendre la tête ; celui-ci n’avait même pas triomphé au France ! ‘Je me suis interdit de penser à la victoire presque jusqu’au bout. J’avais besoin d’être dans le moment présent et concentré au maximum sur mes sensations, pour assurer mon alimentation, mon hydratation, ne pas paniquer’.
Thibaut Garrivier (ESL), qui continue son métier de radiologue, surmonte sa souffrance et ne remonte à la 4e place que grâce aux écroulements successifs de ceux qui avaient présumé de leurs forces : il est à 22 minutes de son équipier !
Le Caladois maintenant ligérien à Sciences Po, Baptiste Chassagne, vainqueur du France, parti dans le groupe de tête, comme Cardin subit un trou noir dans le 2e tiers, ne se relance que quand l’expérimenté Nicolas Martin (AL Echirolles) le rattrape et le relance, avant d’abandonner lui-même, pour ce qui sera sans doute sa dernière sélection. Baptiste renaît et va chercher la 15e place qui offre l’or !
Le sac de celui qui a succédé à Propage, Adrien Seguret, commence à peser d’or. Ce n’est pas fini !
Le médecin des Coureurs de la Tête d’or à Lyon, élue au Comité du Rhône, Marion Delespierre, qui confirme que lundi matin elle sera en auscultation, fête sa première sélection à 36 ans ; elle est longtemps en embuscade à la 2e place derrière l’Allemande Harthmurth, et ne prend la tête qu’à 30 km de l’arrivée ; victime de crampes dans la longue descente, elle aussi, ne veut pas s’avouer victorieuse avant de recevoir le drapeau à brandir.
La bisontine Manon Bohard-Cailler, licenciée depuis 2 ans seulement malgré ses 32 ans, surmonte ses douleurs intestinales pour terminer bronzée. Audrey Tanguy (UOAT), entraînée par Seguret, pour sa seulement 2e sélection, termine 10e de ce jeu de massacre et offre encore l’or, comme en 2022 en Chine.
La semaine de fête se terminait par le classique parcours de montagne. Nos Juniors y brillaient avec Jules Mongellaz (ASJ 74) 9e participant à l’argent, comme chez les filles avec l’infatigable clermontoise du groupe Bringer, Margot Dajoux (7e) et sa co-équipière Pauline Trocellier (11e), coachée par Zioni.
Les Seniores, sur un parcours de 15 km – seulement ! – et 750 de dénivelé obtenaient le bronze – 11e médaille – avec, derrière Jarousseau, les sociétaires de l’ASJ74 Christel Dewalle 13e meilleure en montée et Elise Poncet.
Leurs confrères terminaient 6e , Klein 12e , notre Meyssat 15e revenu fort en descente, Meyleu 47e avec les pieds en feu.
Ces disciplines sont en train de conquérir le monde et cela deviendra de plus en plus difficile d’y briller. L’attention qu’y consacre la Fédération permet pour l’instant à la France de dominer. Bien sûr les régions montagneuses y sont, pour l’instant aussi, sur-représentées.
C’est un milieu exemplaire par son engagement, sa modestie, son désir d’y obtenir et d’y continuer des professions très prenantes.
Jean-Jacques Behm
Crédit photos : FFA/Alanis Duc – FFA