Les championnats régionaux de cross-country auront lieu ce dimanche à Valence, sur le parcours qui a servi de support aux pré-régionaux de la zone Est. Dans les pelotons, plusieurs adeptes du trail et de la course en montagne devraient jouer les premiers rôles. Un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur, et sur lequel s’est penché Jean-Jacques Behm….
Nous ne connaissons pas l’origine de tous les athlètes, mais nous avons décompté 12 montagnards-traileurs-triathlètes sur les 54 podiums. Au moins 12. Plus de 1/5ème. Probablement près de 1/4. Comme dit Alain Bonardi, il reste 75% des podiums aux pistards. Néanmoins leur participation d’abord, leur domination ensuite, ne font qu’augmenter.
Ils nous apportent leur audace : on se souvient des départs de la triathlète valentinoise Bérénice Fulchiron, en cadette, avant que Bastien Perraux ne l’éduque.
* On est surpris chaque année qu’Emmanuel Meyssat choisisse le court, et y brille : comment peut-on remporter la Sainté-Lyon et abattre en près de 3 mn au kilo un cross court très vallonné ?
* Au moins 3 des 4 premières de Loire-et-volcans élite ne sont pas passées par la piste, dont la championne du monde de triathlon par équipes Audrey Merle, en équipe entre autres avec Dorian Coninx qui vient de nous régaler d’un 3000m en 8 minutes, tiré par Alexis Phelut et Victor Moreau, où il a permis à ses
suivants de pulvériser leur record.
* Le vainqueur du cross court de cette zone (Alaa Hrioued, Mar, Coquelicot 42) est un marathonien
* Les deux premiers du long des Alpes (Sylvain Cachard et Thomas Cardin) n’ont jamais dû fouler une piste en compétition.
Ils font le choix du cross plutôt que des trails et de leurs primes..
Bien sûr on ne va pas s’en plaindre : ils nous permettent de découvrir une facette insoupçonnable de nos pratiques ; rien de commun dans la pratique, dans la préparation, ni dans la façon d’aborder la compétition où disparaît l’importance du chrono. Un niveau intellectuel très élevé, malgré des professions souvent lourdes de responsabilités. Une innocence, voire une témérité souvent perdues sur piste.
Sans oublier que les présents ont préféré participer sous leurs couleurs et pour leur club au lieu de profiter de primes qui les attendaient dans des épreuves hors-stade. Enfin ils nous poussent à nous questionner sur la forme de nos pratiques . Au stage national cadets de Vichy il y a 30 ans, l’équipe nationale dirigée par José Marajo avait bouleversé les habitudes en faisant pratiquer l’après-midi non une 2e séance de course,
mais du kayak , du vélo, de la course d’orientation…
>> Ce qu’ils en pensent…
Bastien Perraux (DMA) :
« Pour moi, rien d’incohérent à voir des triathlètes, des montagnards ou des traileurs aux avant-postes des pelotons. Finalement un cross de 10km dans la boue avec des côtes est tout aussi proche des qualités et du travail d’un triathlète ou d’un traileur que de celles d’un coureur de 800-1500. Et comme le dit Alain Bonardi, il y a 2 facteurs dans la région qui favorisent cela. D’abord nous sommes proches des montagnes et une grosse majorité des meilleurs traileurs et coureurs en montagne sont de la région ( presque 75% des équipes de France). Dans le Sud, le Nord ou en Bretagne les chiffres ne doivent pas être les mêmes. »
Jean-François Pontier (Clermont AA), qui faisait partie de l’équipe nationale, déjà en 1985 à Vichy :
« Le cross reste un formidable outil de travail pour les jeunes et de préparation pour les plus âgés qui font des choix cohérents par rapport à leurs objectifs de l’été (court ou long – tout ou partie des championnats). Meyssat en pratiquant le court tous les hivers y voit surement un moyen efficace de travailler sa vitesse (encore un argument pour le maintien du cross court toute la saison)
Philippe Propage, responsable national trail :
« À titre personnel , tous les traileurs que j’entraîne sont actuellement sur les cross , Thomas Cardin , Sarah Vieuille dans les Vosges , Sylvain Court sur les cross militaires , Adeline Roche etc… L’an dernier d’ailleurs à Vittel, Adeline a fait dans les 20 aux Championnats de France et Sarah, pour sa première participation, dans les 40. Certains s’arrêteront avant Montauban, car les cross sont inclus dans leur préparation et ils vont rapidement rejoindre leur discipline. Avec Thomas, pour sa première saison où il fait du cross, nous avons modifié son début de saison au vu de ses résultats et il ira au bout de la saison avant d’enchaîner sur les trails. Et vive le cross ! »
Bernard Pelletier, ex-entraîneur national route formateur d’Annette Sergent :
« La pratique du cross est la meilleure préparation que l’on puisse faire pour être performant lors de la saison estivale, quelque soit sa discipline de prédilection. »
Jean-Jacques Behm