Multiple championne de France dans les catégories jeunes, recordwoman de France espoirs, Margaux Nicollin est arrivée dans la ligue AURA à l’automne 2018. Après de longs mois de travail, elle commence à récolter le fruit des nombreux changements opérés l’an dernier… La Grenobloise espère bien confirmer ce week-end, lors des championnats régionaux à Parilly
Dès sa rentrée hivernale, elle a fait mieux que son meilleur jet de la saison dernière. Et ce n’est pas un hasard. « On a effectué beaucoup de changements en 2019. Sur le plan technique, physique… Il fallait le temps que mon corps s’adapte. Là, on arrive au terme de ces modifications, on commence à récolter ce que l’on a planté l’an dernier ».
Pour preuve donc, sa victoire lors des pré-régionaux de lancers longs, le samedi 18 janvier à Chambéry, avec un jet à 54m02. Prochaine étape ce week-end lors des championnats régionaux à Parilly. Avec pour objectif : confirmer. Cette perf, en premier lieu, mais aussi (et surtout) cet équilibre retrouvé, après de longs mois de travail.
L’appel des Montagnes… et de Martial Auzeil
En septembre 2018, elle a choisi de donner à sa carrière – à sa vie – une nouvelle impulsion. « J’étais à Dijon depuis cinq ans pour mes études, mais je ne me voyais pas y vivre. Pour moi, l’environnement est très important, je suis originaire du Jura, j’ai besoin des montagnes. »
Alors la jeune femme de 23 ans prend les choses en main. Direction Grenoble. Pour les montagnes, mais surtout pour le javelot. « J’ai fait un choix. Pour la première fois de ma vie, c’était vraiment le mien, seulement le mien ».
Elle choisit donc de rejoindre l’EA Grenoble et le groupe de Martial Auzeil. « Martial, je le croisais souvent sur les stades, et je l’ai vraiment rencontré lors des championnats du Monde universitaires à Taïpeï en 2017. On a eu un très bon feeling, et techniquement je l’ai trouvé super. En 2018, j’ai traversé une difficile période de remise en question suite à une grosse blessure à la cheville. Je l’ai contacté, il m’a dit de venir visiter… Et j’ai accroché ! »
Débute alors le cycle de tous les changements, sur le plan technique comme physique. « Techniquement, j’ai revu ma façon de lancer. J’allais être limitée pour perfer à 60m. Il a fallu que je rajoute de la vitesse, tout en corrigeant le déplacement. Physiquement, on a augmenté la charge, et modifié la façon de s’entraîner ».
Forcément, tout cela n’a pas été intégré en un jour. « Le corps doit se réorganiser, s’adapter… Il faut répéter encore et encore jusqu’à ce que ça devienne automatique ». Une longue période accompagnée de son lot de doutes, d’autant que Margaux traîne comme un poids mort une blessure au coude, survenue lors de sa première semaine d’entraînement à Grenoble.
« Je suis là où j’ai envie d’être, avec qui j’ai envie d’être »
Mais la Jurasienne s’accroche.
Entre ses 7 à 8 séances par semaine, elle prend le temps de découvrir les trois massifs qui l’entourent. « On s’entraîne tous les jours, sauf le week-end. Ça permet de recharger les batteries. Je profite de la montagne, c’est un vrai plaisir je suis dans mon élément ».
Dans son nouveau club, son nouveau groupe, elle a trouvé sa place. « Avec Martial, nous sommes entre 10 et 20 athlètes selon les jours. Il y a différents lanceurs, des combinés. On fait certaines séances en commun, comme la PPG. C’est très sympa. On travaille sur des cycles de trois semaines, avec une semaine de régénération. Ce rythme me convient bien. » Si bien qu’elle ne regrette pas son choix « Je vis ma meilleur vie ici (rires). Je suis là où j’ai envie d’être, avec qui j’ai envie d’être ».
Et quand elle n’a pas la tête au javelot, elle poursuit son master 2 entraînement sportif à l’université Grenoble Alpes. « Mon M2 est étalé sur deux ans. L’UGA est super pour l’accompagnement des sportifs de haut niveau ».
Quant à la suite… « Ce que je veux faire comme métier ? Je n’ai jamais su répondre à cette question (rires). Je veux être athlète pro en fait ! Pour l’instant je remplis ma tête de choses qui me plaisent, puis on verra… »
Bien dans ses baskets, Margaux ne veut pas se mettre de limite : « mon record date de 2015, je sais que cela amène des questions, forcément. Mais il ne faut pas regarder derrière, chercher à comparer. J’ai fait des choix, des changements qui demandent du temps, il faut l’accepter. Ici je suis très bien entourée, ça reviendra, il n’y a pas de raison. Je sais où je vais, peu importe le temps j’y arriverai ».
Jessica Bissay
(crédit photos : Margaux Nicollin)