Après une saison passée à courir après le temps, pour limiter les dégâts causés par les blessures en cascade, Estelle Perrossier peut savourer : sa persévérance lui a permis de décrocher sa sélection pour Berlin. Aux championnats d’Europe, elle fera – une nouvelle fois – partie du relais 4x400m.
Elle a bouclé son dernier tour de piste en solo de la saison à Castres, mercredi dernier. 53 »36. Pas le chrono de ses rêves, évidemment.
Pas non plus une contre-perf, vu la tournure de sa saison. « Je n’ai pas de regret, j’ai essayé de partir vite, mais ça a calé », raconte Estelle Perrossier.
Tendinite du fascia lata, déchirure à l’ischio, au quadri… Depuis cet hiver, les pépins physiques se sont enchaînés pour la Lyonnaise. « Mon corps demande des comptes. Depuis deux ans, je n’ai pas été épargnée par les blessures, physiques et affectives. Je me suis toujours accrochée, mais il y a un moment où même avec un mental de fou, le physique ne peut plus suivre. Il faut l’accepter. Je ne suis pas surhumaine ».
« Pas en position de force pour être titulaire »
Malgré ces aléas, elle a réussi à « sauver » sa place dans le relais 4x400m pour Berlin. « On va dire qu’on a sauvé les meubles, c’est positif ! Je suis dans le collectif français depuis 2013, malgré toutes les difficultés que j’ai rencontrées je suis toujours là ».
Alors aujourd’hui, elle savoure. « Je vais à Berlin avec le sourire. J’ai envie de profiter de ces moments de plaisir, de la vie. Je serai à fond pour le collectif, que je sois titulaire ou pas ». Car l’athlète de Lyon Athlé connaît trop bien la musique pour se voiler la face. « Il faut regarder les choses en face, avec un chrono de 53″ je ne suis pas en position de force pour être titulaire… On est aux Europe, pas aux interclubs ! Peut-être en série, en première position, comme on m’a toujours préparé pour cette place… On verra. Dans tous les cas je comprendrais la décision, et je serai au service du relais, comme toujours ».
« J’ai l’impression de sortir enfin la tête de l’eau »
Après ces championnats d’Europe, Estelle Perrossier s’offrira un bon break, un vrai. « Ça fait deux ans que je n’en ai pas fait. » Une pause régénératrice, pour mieux repartir. Après de longs, trop longs mois de doutes, elle veut désormais aller de l’avant. « J’ai l’impression de sortir enfin la tête de l’eau. Moralement, je suis en train de récupérer. Il y a des mois, je reconnais que je n’en pouvais plus. J’étais épuisée psychologiquement. Maintenant, j’ai digéré. Je prends tout ça comme une force, j’ai envie de me faire plaisir ».
Cette reconstruction n’aurait pas été possible sans le soutien de son coach, Franck Matamba, comme elle l’avance avec pudeur. « C’est la famille. J’ai failli jeter l’éponge plusieurs fois, heureusement qu’il était là. J’ai pris exemple sur lui, sur sa vie. Et puis on a un super groupe, avec une très bonne ambiance. Ça donne envie de continuer. »
Jessica Bissay (photos fbk Estelle Perrossier/KMSP FFA)