Sur la route de Berlin – Kevin Mayer (EA Rhône Vercors) : « Pour battre le record du Monde, il faudrait le décathlon parfait »

   C’est l’un des premiers Auristes à avoir validé son billet pour les championnats d’Europe de Berlin, qui auront lieu du 7 au 12 août prochain. Le décathlonien Kevin Mayer (EA Rhône Vercors 26-07) continue sa montée en puissance, tout en préparant un événement festif visant à promouvoir sa discipline… 

Il y a d’un côté le sport compétition, axé sur l’entraînement et la recherche de la performance. Et de l’autre le sport plaisir, centré sur l’envie de partager et de s’amuser.
Deux approches différentes, mais pas forcément opposées. En tout cas pas pour Kevin Mayer. En pleine préparation pour les championnats d’Europe de Berlin, le décathlonien de l’EA Rhône Vercors s’est lancé un tout autre défi : organiser un décathlon… sur une plage !

Le 7 et le 8 août, le Drômois a rendez-vous avec les meilleurs spécialistes européens de sa discipline. Sur ses épaules, un statut de favori à assumer, et dans un coin de sa tête, une envie de record du Monde. Puis le 19 août, changement de décor. Il va rencontrer quelques centaines d’anonymes, sur la plage de Saint-Jean des Monts, pour la « Mayer Expérience ».

« Tout le monde peut ressentir la fierté de venir à bout d’un décathlon »

Paradoxal ? Complémentaire, plutôt. « Je suis compétiteur c’est clair, mais j’adore faire du sport pour m’amuser, avec mes amis. J’ai toujours eu envie de promouvoir ma discipline. Souvent le décathlon fait peur au grand public, ça paraît inaccessible. Mais c’est plus une question de goût de l’effort que de niveau. Tout le monde peut en faire un, ressentir cette fierté d’en venir à bout. Il suffit d’adapter les exigences. » Et le concept a trouvé écho, puisque les 200 places disponibles ont été prises d’assaut en moins de 48h.

Journée bien remplie en perspective : après le décathlon « adapté, évidemment », les spectateurs pourront s’inscrire pour essayer une ou plusieurs épreuves. Et la manifestation se terminera par un concours de perche, animé par quelques grands noms de la discipline. « Pour l’encadrement, on va s’appuyer sur le club local. Il faudra une cinquantaine de personnes, sans compter le personnel technique chargé de l’installation. Mon grand frère bosse à plein temps sur ce projet, il fait le plus gros du boulot. »

« J’ai passé un cap »

Une organisation familiale qui permet à l’athlète de Bertrand Valcin de rester focalisé sur son objectif sportif. Et pour l’instant, ça paye. « Le week-end dernier à Ratingen, j’ai réussi des choses que je ne pensais pas pouvoir faire (52m38 au disque, RP / 13″78 sur 110m haies / 5m20 à la perche / 10″66 sur 100m / 15m86 au poids / 48″33 au 400m). Pourtant, je ne suis pas très en forme, je suis en pleine préparation, la charge de travail est importante en ce moment. » Et malgré cela, les résultats sont déjà là. « J’arrive à faire de belles choses sur des compétitions de réglages, ça prouve que j’ai progressé. Je sens que j’ai passé un cap. Je suis mieux physiquement, j’ai pris de la puissance notamment. Cela me permet d’être bien techniquement, dans toutes les épreuves ».
Le fruit d’un travail entamé il y a plusieurs saisons : « Je bosse avec un préparateur physique depuis trois ans et demi, je me blesse de moins en moins, je suis de plus en plus efficace techniquement. Du coup ma progression est régulière sur chaque épreuve. »

En mode animal sur la piste…

Alors forcément, autour de lui fourmillent de plus en plus de pronostics. « Depuis Ratingen, on me parle du record du monde (il appartient depuis 2015 à l’Américain Ashton Eaton, 9045 pts ndlr). J’essaie de calmer les esprits. Il faut qu’on se rende compte de l’ampleur de la chose », insiste Kevin Mayer. « J’ai le potentiel, mais pour battre le record du monde il faudrait vraiment que je sorte le décathlon parfait, que je réussisse l’enchaînement idéal. Et je sais bien à quel point c’est compliqué. Je vais à Berlin avant tout pour me battre pour le titre ».

Le champion du Monde a appris à composer avec cette pression extérieure. « Quand je suis chez moi, à ne rien faire, j’ai tendance à subir un peu, à travers les articles, les tweets, les messages… Mais dès que j’arrive à l’entraînement je passe en mode animal, je ne me fie qu’à mes sensations et plus rien ne me touche. »

Jessica Bissay (crédit photos : Nike/KMSP-FFA P. Millereau)