Bastien Perraux (DMA), né pour entraîner

Emblématique directeur technique du Décines Meyzieu Athlétisme, entraîneur demi-fond au CNRE de Lyon, Bastien Perraux s’investit sans compter pour ses athlètes, son club, sa discipline. Avec une énergie et une passion tellement naturelles qu’elles semblent inépuisables… 

Il y a des choses qui ne s’expliquent pas.
Pourquoi Bastien Perraux a-t-il si vite attrapé le virus de l’athlé, lui le fils de non-sportif ? Pourquoi a-t-il très tôt choisi de quitter ses pointes pour prendre un chrono, alors qu’il avait un niveau national sur 3000m steeple ? Pourquoi a-t-il fait de l’athlé son premier et unique métier dès sa sortie de Staps ? Pourquoi passe-t-il ses journées, ses soirées, ses week-ends sur les stades avec ce plaisir intact ? Autant de questions auxquelles… il ne répondra pas ! « Je ne me suis jamais posé ces questions. Ça m’a toujours paru comme une évidence. J’ai ça dans le sang, je ne sais pas pourquoi en fait ! »

Salarié du DMA depuis 2007, d’abord comme agent de développement puis comme directeur technique, il est aussi l’un des entraîneurs de demi-fond au CNRE de Lyon. Il était à Lisbonne la semaine dernière, à l’occasion des championnats d’Europe de cross, pour accompagner Bérénice Fulchiron (Jun – ASPTT Valence), qu’il entraîne, et Valentin Bresc, licencié au DMA et coaché par celui qui le seconde depuis cette saison, Jeffrey De Freitas. « Bérénice termine 21ème et 3ème par équipes. Pour sa première sélection en cross, c’est une belle satisfaction, surtout que le parcours n’était pas top pour elle, elle aurait préféré plus roulant. Valentin termine 18ème, on espérait un top 10, mais finalement il n’est qu’à 8 secondes de la 6ème place… Ça va tellement vite ! » 

Une cinquantaine d’athlètes, deux créneaux d’entraînement tous les soirs…
Pour Bastien Perraux, les week-ends sans compétition se comptent sur les doigts d’une main… « J’en fais environ 50 par an. Dès que je peux, j’essaie de suivre mes athlètes ». Et ils sont nombreux : une cinquantaine de demi-fondeurs, dont une trentaine qui sont d’excellents niveaux, composent aujourd’hui son groupe. Alors forcément, cela demande une certaine organisation. « Je dédouble tous les créneaux d’entraînement : chaque soir il y a deux séances, à 16h30, puis à 18h30 ». Si la majeure partie des athlètes qui suivent ses plans sont licenciés au DMA, une dizaine sont restés rattachés à leur club d’origine. « Ça ne pose aucun problème, c’est la vocation du CNRE. »

Depuis plus de quinze ans, il s’active pour le développement de son club de cœur. « Ah c’est sûr, on est loin des 35h ! Il ne faut pas compter ses heures… Je m’occupe de la partie administrative en journée, et le soir je suis sur le terrain. »
Un investissement récompensé par une impressionnante évolution. « En 2005, nous étions 130 licenciés. Aujourd’hui 430 ! » Outre son nombre, ce qui fait aujourd’hui la marque de fabrique du DMA, c’est le niveau de ses différents groupes « Cette année on a eu plus de 100 qualifiés aux différents championnats de France, sans compter le hors stade. Et une dizaine de médailles… Quand j’ai débuté, on était comme des fous quand il y avait trois qualifiés ! »

Entretenir « l’esprit club »…
Cheville ouvrière de ce projet sportif concluant, Bastien Perraux n’a pas pour autant changé ses valeurs : « j’insiste beaucoup sur tout ce qui permet de faire vivre l’esprit club : les relais, les interclubs, les manifestations… »  Un esprit qui s’entretient au quotidien au stade Troussier. « On a un gros avantage, contrairement à beaucoup de clubs de cette taille, c’est que l’on s’entraîne presque tous sur le même stade, à Décines. Les benjamins peuvent côtoyer Claire, Elea… Aux interclubs, tout le monde connaît tout le monde ! »  

Repéré en UNSS et arrivé sur le tard à l’athlétisme, Bastien Perraux a d’abord touché à tous les sports… avant de trouver le sien. Chez les jeunes, il a atteint assez vite un niveau national sur 3000m steeple (record à 9″10)… Mais sa priorité n’était pas là.  « Quand j’ai commencé à avoir des athlètes costauds, j’ai arrêté la compétition. Si tu es athlète tu dois penser à toi, quand tu es entraîneur tu dois penser aux autres… À un moment il faut faire un choix ». Pour autant, il n’a pas tiré un trait sur le sport. « Ce serait impossible d’arrêter ! Je cours quatre ou cinq fois par semaine, mais je ne fais que des footings, pas de séance ».

« Un costume sur mesure, mais avec une dynamique collective »
Chaque jour à l’entraînement, il accompagne des athlètes de niveau régional comme international. Des cadets comme des masters. « C’est ça qui est cool, ça créé une bonne osmose. Chaque athlète a son plan, tout est individualisé. Bien sûr ils se regroupent pour qu’ils puissent travailler ensemble. C’est compliqué, mais intéressant : un costume sur mesure, mais avec une dynamique collective. »

À tous, il leur transmet sa passion : « le demi-fond, c’est tout ce que j’aime. Il y a le côté nature, la rigueur, le goût de la compétition. Et puis entraîner, ça me correspond. Former quelqu’un, le voir progresser, c’est gratifiant. »

Alors quand on lui demande comment il voit son avenir : « ah mais j’espère qu’à 70 ans ce sera toujours pareil ! Je serai sur un stade entouré d’athlètes ! Certains aiment bien changer, moi j’aime bien approfondir les choses. »

Dans un futur beaucoup plus proche, son quotidien est amené à se rythmer encore un peu plus, puisque sa femme Claire attend un double bonheur pour fin janvier : la naissance de jumelles.  « Ça sera encore plus sportif ! On a qu’une vie… Faut en profiter ! »

Jessica Bissay (crédit photos : Page Fb Décines Meyzieu Athlétisme)