Coach confinée… Vanessa Pecel (CA du Roannais)

  Ils avaient l’habitude de passer leurs soirées au stade, ils doivent désormais se contenter des plans par mail et des conseils par téléphone… Confinement oblige, les coachs ont eux aussi dû faire preuve d’une sacrée capacité d’adaptation. Comment nos techniciens régionaux vivent-ils cette période si particulière ? Au tour de Vanessa Pecel, entraîneur de lancers au CA du Roannais, de se confier…

>> Tout d’abord, dans quelles conditions se déroule votre propre confinement ?
J’habite à Saint-Étienne avec mon compagnon et mon fils de trois ans. On a la chance d’avoir un jardin, ça nous permet d’être dehors. Je suis responsable financier à la mairie de Saint-Étienne, je travaille un peu de chez moi, et je me rends au bureau une fois par semaine environ, parce qu’il y a certains logiciels sécurisés que je ne peux pas utiliser de chez moi.

>> Et comment occupez-vous tout le temps libre laissé par l’annulation des entraînements ?
C’est vrai que ça me change beaucoup, j’ai l’impression d’être au mois d’août ! Comme pas mal de Français, je me suis découvert une passion pour le jardinage, alors que cela faisait cinq ans que je n’avais rien fait (rires). J’occupe mon fils, je lis beaucoup… Et je teste les séances que j’envoie à mes athlètes. Des fois je me filme en train de réaliser l’exercice, pour qu’ils comprennent bien le mouvement que j’attends.  

Plus de prépa physique, moins de technique…

>> Comment faire pour permettre à des lanceurs de continuer leur préparation en cette période inédite ?
J’avais anticipé, quand ils ont annoncé la fermeture des écoles je me suis doutée de la tournure que ça pourrait prendre. J’ai réuni pas mal de matériel, des poids, des disques, des accessoires de muscu que j’aie réparti entre mes athlètes, Amanda N’Gandu N’Tumba et Rémy Faure. Donc on n’a pas été pris au dépourvu. 

>> Et que retrouve-t-on dans vos plans d’entraînement du moment ?
On fait davantage de prépa physique. Ces séances sont courtes, mais il y en a tous les jours. On garde également chaque jour un peu de lancer. Là aussi ce sont des séances courtes afin de respecter la durée des sorties. Pour l’aspect technique c’est très compliqué ! Heureusement je connais bien ces deux athlètes, je les entraîne depuis qu’ils sont minimes. Donc je les interroge un peu plus sur leur ressenti, et en fonction de leurs réponses j’arrive à deviner ce qu’il faut corriger.

Après les annulations en cascade, Il a fallu « rebooster » les athlètes

>> Moralement, comment vivent-ils ces étranges conditions d’entraînement ?
Au début ça a été compliqué, il a fallu les rebooster. Amanda était très en forme, ça a été dur de la remotiver après l’annulation de la coupe d’Europe des lancers. Là ça va mieux, une certaine routine s’est installée. Ils s’entraînent sérieusement, et y mettent du cœur. Finalement aller faire sa séance est l’une des activités essentielles de la journée, c’est important ça aide à tenir.

> Comment voyez-vous la suite de la saison ?
Je ne suis pas vraiment inquiète, bien sûr il y a l’incertitude de savoir quand on va reprendre. Mais dès que l’on aura quelques dates « piliers », on pourra se projeter. Ce sera inédit évidemment, mais on s’adaptera ! Il faut se montrer positif, c’est important dans une période comme ça. 

« Cet épisode peut nous aider à passer un cap »

>> Un mot sur l’annulation des Interclubs… Un grand vide en vue début mai ?
Ah oui, ça c’est vraiment le truc triste ! Les interclubs c’est la fête de l’athlé, le moment fort qui lance la saison. Normalement, à cette période on devrait être en train de voir comment on compose l’équipe… Ça va manquer !

>> Et s’il fallait trouver du positif à cette situation ?
Je pense que ça permet aux athlètes de développer leur propre réflexion, sur le plan technique comme en termes de ressenti… C’est peut-être une pause dans la progression technique mais ce sera bénéfique plus tard ! Il faut leur faire confiance. C’est important que l’athlète soit acteur de son entraînement. Cet épisode peut nous aider à passer ce cap, à aller plus loin dans cette démarche.

Jessica Bissay
(Crédit photos : Vanessa Pecel/Amanda NGandu Ntumba et Rémy Faure)