En Haute Savoie, Annecy Haute Savoie Athlétisme en plein casse-tête

   Après les athlètes, leurs entraîneurs, nous avons voulu voir comment les clubs traversaient cette période  bien particulière. D’ordinaire si actifs, ils se retrouvent tous en pause pour une durée encore indéterminée. En Haute-Savoie, Annecy Haute Savoie Athlétisme doit gérer une double problématique : un quotidien sportif chamboulé, mais aussi – et surtout – le casse-tête du report de son marathon international, qui aurait dû se tenir le 19 avril dernier.

C’est certain, Frédéric David se souviendra de ses premiers mois à la présidence d’Annecy Haute Savoie Athlétisme. Athlète et dirigeant du club d’environ 400 athlètes depuis de longues années, il était loin de se douter de ce qui l’attendait lorsqu’il a endossé cette casquette « par nécessité », en novembre dernier.

D’un point de vue sportif, le club n’a pas tardé à s’adapter à cette situation inédite. « Les entraîneurs maintiennent le lien avec le groupe, pour permettre à leurs athlètes de garder une certaine activité… et surtout le moral. On propose aussi des séances de maintien en forme, chez soi », détaille le président, qui reconnait « beaucoup de jeunes ont du mal à se projeter. C’est dur de se motiver quand on n’a pas de date en face. »

Quant aux quatre salariés du club, ils sont passés en chômage partiel. Cette gestion-là paraît presque « simple » à côté du reste, qui occupe le plus clair des pensées du président en ce moment : « l’organisation, la désorganisation et la réorganisation de nos courses ».

Marathon, semi-marathon et 10 km devraient partager l’affiche le 27 septembre 

Car le marathon international d’Annecy, auquel est couplé un 10km, de la marche nordique et une course enfants la veille, qui aurait dû se tenir le 19 avril n’a pu avoir lieu. Il a été repoussé au 27 septembre, où il devrait partager l’affiche avec le semi-marathon également organisé par le club. « On n’a pas eu le choix niveau date. Annecy est une ville touristique et très demandée. On aimerait proposer cette solution de secours, la moins mauvaise pour les coureurs. »

Mais pour l’heure, le doute plane toujours sur la tenue de l’événement qui rassemblerait quelque 12000 personnes et 800 bénévoles. « On a appris l’annulation du marathon de Berlin, qui devait se tenir le même jour… Du coup on est encore dans le flou. Pour l’instant, la préfecture ne se prononce pas ». Alors comme toujours depuis le début de cette crise, il va falloir patienter. « On jongle avec notre stock de médailles, nos commandes de t-shirts… On doit réfléchir à notre stratégie tous les jours, c’est assez particulier. »

« Ma crainte, c’est que seules les structures pro survivent comme organisatrices de courses »

En toile de fond, une crainte financière réelle : « ces événements sont une source de revenus importants pour le club. Cet argent nous permet notamment de payer les frais de déplacement de nos jeunes. Si tout est annulé, ce sera compliqué. Il faudra prendre les mesures nécessaires pour faire survivre le club. »
Le président le sait, cette problématique risque d’être celle de nombreux clubs et bénévoles. « Beaucoup d’associations risquent de disparaître. Ma crainte, c’est que seules les structures professionnelles survivent comme organisatrices de courses ».

En tout cas pour l’instant, il faut continuer d’avancer, dans le flou. « Impossible de prévoir la suite. Tout est question d’arbitrage, et c’est extrêmement difficile. Beaucoup de gens pensent qu’il y aura un avant et un après, moi je pense que petit à petit on va reprendre notre rythme. La vie passe au-dessus de ce genre d’accident, même si c’est sûr que ça va marquer les livres d’histoire »

Jessica Bissay (crédit photos : AHSA)