Cantal, Haute-Loire… deux maillons à part entière de la Ligue AuRA

Mi-avril, Marcel Ferrari et son équipe sont allés à la rencontre des dirigeants et des licenciés de l’ex ligue Auvergne. Une halte à Clermont, puis à Aurillac, avant de découvrir le Puy en Velay. Quelques semaines plus tard, ils ont bouclé ce tour d’Auvergne par une visite dans l’Allier. Une étape importante pour poser les bases d’une saine collaboration, quelques mois après la fusion Auvergne/Rhône-Alpes.

>> Marcel Ferrari, pourquoi avoir organisé cette « tournée » en Auvergne ?

L’objectif était de faire connaissance, de mettre des visages sur des noms, et de découvrir ces territoires que je connais moins. Nous en avons profité pour discuter avec les clubs locaux, expliquer ce qu’on pensait mettre en place pour intégrer chacun. C’était une façon de montrer que l’on compte travailler pour tout le monde, afin que tout le monde se sente bien.

>> Quelles sont les difficultés que vous avez identifiées dans ces territoires ?

Le Cantal et la Haute Loire sont des départements peu peuplés et pas facile d’accès, ça limite le développement et le rapport avec les autres. Ces comités ont peu de licenciés et se sentent isolés. Ils ont la volonté mais pas le mode opératoire, et ont l’impression que c’est insurmontable. Ils voyaient la Ligue comme quelque chose d’hyper lointain. Petit à petit, nous allons créer des liens. Nous allons leur montrer qu’on peut trouver des solutions et les intégrer.  Il faut les soutenir, être présents, faire naître une dynamique interne.

>> Quels sont les besoins/les particularités du Comité de Haute-Loire et de celui du Cantal ?

La Haute Loire est dans une situation particulière puisque tout le secteur Nord, côté Monistrol, est déjà rattaché à la Loire. Ces villes sont plus proches de Firminy donc la dynamique est différente. D’ailleurs il y a un projet de réfection du stade de Monistrol. En Haute Loire comme dans le Cantal, la priorité sera de rapprocher les clubs de leur Comité. Pour l’instant chacun a tendance à vivre dans son coin. Il y a des gens qui se donnent du mal, qui ont envie mais qui n’ont pas la manière. Il ne manque pas grand chose…

>> Quel va être votre plan d’action ?

Pour commencer nous allons dresser un état des lieux précis, pour voir où on peut faire du développement. Nous voulons montrer qu’il est possible de promouvoir l’athlétisme même s’il n’y a pas d’installation, notamment sous sa forme trail, marche nordique, athlé santé. Nous allons imaginer des projets et accompagner les comités pour démarcher les collectivités, qui sont vraiment en retrait. Nous ferons aussi des formations sur place pour les encadrants, juges et entraîneurs. Et à partir de septembre, nous aurons un référent chargé du développement, basé à Clermont, qui aura pour objectif de préparer des actions pour donner du punch à ces comités.

>> La nouvelle Ligue se retrouve avec des problématiques que le côté Rhône-Alpes ne connaissait pas – ou plus…

C’est vrai, ça nous oblige à une nouvelle dynamique ! Si on ne faisait pas preuve d’ouverture, la facilité serait de laisser ces comités de côté. Surtout qu’ils étaient déjà isolés dans l’ancienne Ligue Auvergne. Donc si nous ne mettons rien en place, le fossé va avoir tendance à se creuser. Nous devons nous pencher sur des sujets qu’on avait un peu oubliés, mais c’est notre rôle. Ce sera une pierre supplémentaire pour la qualité de ce que propose la Ligue. L’athlétisme régional a tout à y gagner.

>> Et si on se projettait dans dix ans… Comment imaginez vous le vaste territoire de la Ligue AuRA ?

Je verrai bien des autoroutes, des tunnels et des viaducs pour relier toutes les villes de la Ligue entre elles (rires). C’est une image mais j’ai envie que tous les gens se sentent bien dans un ensemble, que personne ne soit rejeté. On travaille dans ce sens.

>> Une problématique différente dans le Puy de Dôme et l’Allier

« On connaissait déjà bien le Puy de Dôme, et notamment Clermont. Ce comité a un fonctionnement plus semblable à celui de l’ex Rhône-Alpes. De la même manière, dans l’Allier il y a trois grands clubs que l’on connait bien : Vichy, Moulins et Montluçon. On a plus de rapports, ils sont plus accessibles en terme de transports… Pour ces deux comités, l’intégration va se faire naturellement, il faudra juste changer quelques habitudes. Par exemple, tant qu’il n’y aura pas de piste à huit couloirs en Auvergne, les clubs devront se déplacer en Rhône-Alpes pour les régionaux… Mais ce n’est pas définitif : pour que ça change on travaille sur la réfection du stade Philippe Marcombes, à Clermont. »

*******************************************

ENTRETIEN CROISE AVEC… Julien Rousson (président du comité départemental du Cantal) et  Emmanuel Testud (président du comité départemental de Haute-Loire)

>> Messieurs les présidents, quelques mots pour présenter votre comité ?

> Julien Rousson (président du comité départemental du Cantal) : « Le comité du Cantal compte environ 550 licenciés, répartis en dix clubs. Exception faite d’Aurillac Athlé, tous sont tournés vers le hors stade. Aurillac est la seule ville du département qui possède une piste. Les autres n’ont pas d’infrastructure, donc ça complique les choses. Pendant longtemps le comité a été porté par Jacques Daffix, son président, décédé brutalement il y a deux ans. Il a laissé un grand vide, il a fallu se réorganiser. J’ai pris la présidence cette année, en remplacement de la présidente par intérim… parce que personne ne voulait le poste ! Je suis par ailleurs co-président d’Aurillac Athlé, en charge de l’école d’athlétisme. »

> Emmanuel Testud (président du comité départemental de Haute-Loire) : « Je suis président depuis deux ans d’un comité de Haute Loire en plein renouvellement. Il compte cinq clubs. Les deux principaux sont Velay Athlétisme (330 licenciés) et Brioude (207). Il y a deux clubs plutôt orientés hors stade/loisirs : Saint Germain (55 licenciés), et Courir en Emblavez (42). Le cinquième, Jogging 43, sert de support à l’organisation des 15 km du Puy mais ne compte que 6 licenciés. Au total, nous avons 640 licenciés, un chiffre qui augmente chaque année depuis 2013. »

>> Quels sont vos principaux axes de développement ?

> Julien Rousson (président du comité départemental du Cantal) :  « La priorité, c’est de former des bénévoles : des juges, des entraîneurs… A Aurillac, on doit refuser des enfants par manque d’encadrants ! J’aimerai aussi rapprocher le comité des clubs hors stade. Pour l’instant, ils fonctionnent un peu à part parce qu’ils ne voient pas forcément l’intérêt de notre instance. Mais ils ne sont pas non plus braqués, je sens un intérêt grandissant pour le comité, ils sont à l’écoute… On va avancer petit à petit. »

> Emmanuel Testud (président du comité départemental de Haute-Loire) : « Je souhaite continuer à dynamiser le comité, et à faire croître le nombre de licenciés. Nous voulons aussi favoriser l’engouement chez les jeunes, notamment en développant la formation de jeunes officiels. C’est un rôle ingrat et nous manquons de volontaires. Et puis il y a aussi une particularité dans la Haute Loire : le comité est coupé en deux puisque l’AC Monistrol et Athlé 43 sont rattachés à la Loire. Même si je sais que ça risque de froisser, j’aimerai relancer le débat de leur intégration au comité de la Haute Loire… »

>> Vos deux comités partagent une problématique commune, celle des déplacements…

> Julien Rousson (président du comité départemental du Cantal) : « Effectivement notre principale inquiétude avec la nouvelle ligue, c’est les grands déplacements que ça engendre. Cela pose des problèmes énormes en terme de coût et de temps. Lors de notre rencontre, on a senti que M. Ferrari et son équipe avaient conscience de nos difficultés et étaient à l’écoute. C’est déjà bien. On espère qu’ils pourront prendre cette particularité en compte.

> Emmanuel Testud (président du comité départemental de Haute-Loire) : « On est confinés, on se sent parfois un peu à l’écart. C’est notre situation géographique qui veut ça. On doit tout le temps se déplacer. Même pour nos départementaux, on va à Riom. Une grosse partie du budget du comité sert à financer les déplacements. »

Jessica Bissay