Cette fois, ce n’était pas sa dernière épreuve du jour. C’était la première, et la seule. L’ex heptathlète Meriem Sahnoune a disputé dimanche dernier à Aubière son premier 800m en salle, lors des X-Athletics. Elle a bouclé les 4 tours en 2’06’ ’43. Un chrono prometteur, qui confirme son penchant récent pour le demi-fond…
Elle avait juré que jamais elle ne ferait de 800m en dehors de l’heptathlon. Et pourtant… Dimanche 24 janvier à 18h, Meriem Sahnoune était bel et bien au départ de son premier 800m individuel, sur la piste du stadium Jean Pellez. « Comme quoi à 26 ans, on peut encore se découvrir », plaisante la Clermontoise.
Usée par les blessures à répétition, elle a tiré un trait sur les épreuves combinées la saison dernière. Elle s’est d’abord tournée vers le 400m haies, et a vécu un été laborieux. « C’était une course contre la montre. Le retour sur piste après le confinement a été compliqué. Mon entraîneur François Juillard a choisi d’arrêter, donc je suis passée avec Jean-François Pontier. J’ai changé de groupe, de coach, de discipline, ça a été très dur au début, j’ai eu du mal à assimiler toutes ces nouveautés. Et puis j’ai dû courir après les compétitions pour bien figurer au ranking. Moralement et physiquement, c’était fatigant ». Heureusement, tous ces efforts ont été récompensés par une médaille de bronze lors des championnats de France élites à Albi (58″32). « La forme était là, le corps a répondu présent et je me suis fait plaisir. Donc je me dis que j’ai galéré mais que ça en valait la peine ».
« Je me suis découverte sur un cycle de VMA »
Cet hiver, après avoir d’abord envisagé une prépa 400, elle s’est tournée il y a quelques semaines vers le 800m. « L’entraînement 400m ne me convenait pas, je ne me faisais pas plaisir. Je m’attendais à ce que ce soit plus technique ou plus fatigant. Et puis je me suis découverte sur un cycle de VMA, ça m’a plu, j’ai vu que j’avais des capacités, donc on a décidé de faire une transition douce vers le 800m ».
Et pour sa première, elle a choisi les X Athletics, dans ce stadium qu’elle connaît si bien, aux côtés de ses anciennes coéquipières. « J’étais très stressée, c’est long de devoir attendre jusqu’au dimanche 18h pour courir. Heureusement j’ai retrouvé l’ambiance des épreuves combinées, ça m’a détendu. Je suis partie dans la bonne allure, bien relâchée. J’ai eu un coup de mou au 450m, comme j’étais seule c’était un peu long, mais j’ai bien relancé dans le dernier tour ».
« Je suis bien mieux dans ma tête et dans mon corps maintenant. »
Une course, un contexte, qui la conforte dans ses choix. « Ça m’a fait bizarre de me retrouver au milieu des heptathlètes. D’un côté ça m’a donné envie parce que j’aime cette ambiance, cette discipline, et puis les filles sont vraiment sympas. Mais ça m’a aussi rappelé pourquoi j’avais arrêté, j’ai trop souvent terminé dans la douleur, blessée… Je suis bien mieux dans ma tête et dans mon corps maintenant. »
Reste que pour une combinarde, choisir une seule épreuve… Ce n’est pas si facile ! « Je me pose des questions, je vais prendre le temps de bien choisir, mais je sais qu’à un moment il faudra trancher (rires). J’aurais pu me tourner vers la longueur, j’en faisais avant de faire de l’hepta, mais j’ai l’impression d’avoir fait le tour de cette discipline. Pour l’instant je me laisse porter, et on verra ». Au quotidien, elle savoure une sérénité retrouvée. « Courir sans blessure ça fait vraiment du bien, c’est soulageant, je n’avais pas connu ça depuis longtemps. »
Toujours autant de séances, mais des séances plus courtes
En deuxième année de thèse à l’institut de chimie de Clermont, Meriem Sahnoune a trouvé un équilibre travail/athlé, et a apprivoisé son nouveau rythme. « Je m’entraîne toujours autant, 8 ou 9 fois par semaine, mais désormais les séances durent moins longtemps. La fatigue ne se fait pas ressentir de la même manière. On a un groupe très diversifié, chacun a des forces différentes, on se tire vers le haut. »
Dans le contexte sanitaire actuel, elle se sait chanceuse de pouvoir épingler des dossards, et pense à tous ceux que la Covid prive de saison : « Je leur souhaite beaucoup de courage, je sais que certains s’entraînent avec autant de passion et de coeur que moi, c’est difficile pour eux d’être privés de compétitions ».
J. Bissay
(crédit photos : Nicolas Mennetrey – FFA/Photoathle – Emmanuel Chapelle)