Philippe Propage (FAC Andrézieux) décline sa passion du trail sous toutes ses facettes

Son histoire est indissociable de celle de l’équipe de France de trail, qu’il accompagne avec passion depuis ses débuts, il y a dix ans. Sélectionneur attentif et un brin protecteur, Philippe Propage a vu sa discipline se métamorphoser au fil des ans. Licencié au FAC Andrézieux, il entraîne à distance une dizaine d’athlètes internationaux… Sans délaisser pour autant les débutants de son club. Et il vibre autant pour chacune de ces missions !

Il est à peine remis de son long périple en Argentine, où viennent de se dérouler les championnats du monde de course en montagne. « On est parti 10 jours, mais on a passé 5 jours en voyage ! On a pris trois avions, deux trains, deux bus… C’était vraiment l’autre bout du monde », raconte Philippe Propage. Heureusement, les tricolores ne sont pas rentrés les mains vides : six médailles pour aider à supporter les longues heures de trajet. Le sélectionneur apprécie : « ce sont d’excellents résultats, surtout chez les féminines. Elles ont été extraordinaires ». Et reste lucide sur les perfs des garçons : « ça a été plus compliqué, mais sincèrement ils ont été battus par plus forts, c’est la loi du sport ! Le niveau était relevé ».

Cette belle moisson conclut une saison incroyable pour cette équipe de France de trail/course en montagne : « Adeline Roche, Blandine Lhirondel et Sarah Vieuille étaient toutes trois dans l’équipe championne du monde de trail au Portugal, en juin. En Argentine, c’était la confirmation. La preuve que leur titre n’était pas un hasard. Nos athlètes récoltent les fruits de leurs nombreuses heures de travail. »

« Je ne veux pas qu’on puisse me reprocher de privilégier les miens »

Ce long travail, il est bien placé pour en parler, puisqu’il entraîne une partie des athlètes de cette équipe : Adeline Roche, Blandine Lhirondel, Sarah Vieuille mais aussi Thomas Cardin suivent en effet ses plans au quotidien.
Une double casquette « sélectionneur/coach » pas toujours simple à porter : « C’est vrai que ça pourrait être compliqué, mais ça se passe bien ! En stage national, j’ai plutôt tendance à délaisser mes athlètes, que je connais très bien, pour m’occuper de ceux que je n’entraîne pas. Parce que, justement, c’est quelque chose qui me hante. Je ne veux pas qu’on puisse me reprocher de privilégier les miens ! »

Sous le giron du Ligérien, on retrouve une dizaine d’athlètes de très haut niveau en trail, marathon, 24h. Tous sont coachés à distance. « Avec les outils actuels, c’est plus facile. On s’appelle souvent, on se rencontre dès qu’on peut… Ce sont des adultes, ils savent ce qu’ils ont à faire. Et puis souvent ce sont des solitaires. Certes ils sont tous licenciés FFA mais ils ont l’habitude de s’entraîneur seul. Donc ce n’est pas gênant qu’ils aient un plan à distance ».

Des champions du Monde aux débutants du FAC Andrézieux…

En parallèle de cette élite, le coach licencié depuis ses débuts au FAC Adrézieux accompagne régulièrement… les débutants de son club. « Jusqu’à récemment, j’entraînais chaque semaine un groupe hors stade. J’ai incité des athlètes à passer les formations d’entraîneurs, trois d’entre eux ont désormais le diplôme et petit à petit je prends du recul, je suis là, mais en soutien ».
Si bien que sa principale mission aujourd’hui est assez atypique pour un sélectionneur national : « Je suis chargé d’accueillir les nouveaux, et de les accompagner pour jauger leur niveau et les orienter dans un groupe adapté. » Un rôle qui lui tient à cœur : « Je prends beaucoup de plaisir à les voir progresser. Je me fais une obligation de ne pas rester dans ma bulle, de ne pas me couper de la base. Je tiens à être au contact de ceux qui représentent 99,9% des coureurs. D’ailleurs je participe régulièrement à des courses locales, en anonyme, pour rester au cœur du peloton ».

Ancien footballeur arrivé sur le tard à la course à pied, il prend toujours plaisir à pratiquer… à son niveau. « Je n’ai jamais été un athlète de haut niveau. C’est la faute de mes parents (rires) ! Ils ne m’ont pas donné les bons gênes. Heureusement, comme j’entraîne des très bons je peux désormais dire que j’ai gagné les principaux grands trails de France, que je suis quatre fois champion du Monde… à travers eux (rires) »

« En 2009, le trail n’intéressait personne »

En tout cas, il ne regrette pas ce changement de discipline. « J’ai arrêté le foot vers 20 ans, l’ambiance ne me convenait pas. Je ne comprenais pas comment on pouvait être copain avant le match, puis se pourrir après la rencontre quand ça s’était mal passé : s’en prendre aux autres, s’en prendre à l’arbitre… L’athlé c’est un sport individuel, pourtant je trouve que l’état d’esprit est meilleur : les coureurs ont beaucoup de respect entre eux ».

Avec ses casquettes de coureur, coach, sélectionneur, il a accompagné le développement de sa discipline au fil des saisons. « En 2009, quand la FFA a voulu créer la première équipe de France de trail, elle a fait appel à moi parce que j’avais quelques expériences dans l’encadrement… et aussi parce que, sincèrement, ça n’intéressait personne à l’époque ! Au début, j’avais du mal à faire venir les athlètes ». Et petit à petit, la discipline a changé de dimension. « Aujourd’hui je pense qu’on peut dire qu’on est en avance par rapport à d’autres pays, en partie grâce à nos excellents organisateurs ! Ils ne s’en rendent pas forcément compte, mais je veux leur dire merci ! Ils font de belles courses, qui attirent beaucoup de monde… Et logiquement, si la base de la pyramide est plus large, le sommet est plus haut ! Ils constituent un vivier énorme, où il est forcément plus facile pour moi de trouver des élites. Je tire le fruit de leur travail. »

« Je suis un pur bénévole. Il y en a des centaines comme moi dans les clubs »

En bon chauvin, l’habitant de Bonson (dans la Loire) souligne : « La région Auvergne Rhône-Alpes est l’une des plus grandes organisatrices de trail. Notre territoire est particulièrement adapté à la pratique de cette discipline. Il y a des montagnes de partout, de belles compétitions qui attirent du monde. On a tous les outils sur place. C’est pour ça que l’on fournit une bonne partie de l’équipe de France. »

À la retraite depuis un an, l’ancien responsable du personnel dans un lycée d’Andrézieux a désormais un planning un peu plus simple à gérer… même s’il est toujours aussi rempli. « J’ai eu beaucoup de chance mon employeur, la région, m’a toujours accordé des aménagements quand j’avais besoin de m’absenter pour des compétitions, des stages… Mais c’est vrai que j’empiétais souvent sur ma vie personnelle pour gérer mes athlètes ».
Car si le trail est plus qu’une passion, il revendique « Je suis un pur bénévole. Je sais, souvent ça surprend quand je le dis mais moi ça ne me choque pas. Il y en a des centaines comme moi dans les clubs, qui travaillent dans l’ombre, et qui sont tout aussi efficaces que moi ! »
Une passion qui le porte depuis des années… Et sans doute encore pour des années : « J’ai toujours autant de motivation, de plaisir ! »

Jessica Bissay (crédit photo : Ph.Propage).

Philippe Propage a sorti cette année un livre « 10 ans d’équipe de France de Trail ».  Plus d’infos : ICI