Le stadium Jean Pellez a été le théâtre d’un grand moment d’athlétisme samedi 16 janvier. Lors du meeting élite, le Burkinabé Hugues-Fabrice Zango s’est emparé du record du Monde en salle du triple saut… sous les yeux de son entraîneur et néo-ex détenteur de ce record, Teddy Tamgho.
« J’étais au décamètre. J’ai tout de suite vu qu’il avait dépassé les 18m, donc qu’il avait battu le record du Monde ». Chef juge du concours de triple saut lors du meeting organisé samedi dernier par la Ligue Auvergne Rhône-Alpes d’Athlétisme à Aubière, Olivier Bardot a été le premier témoin de la performance du Burkinabé Hugues-Fabrice Zango.
Avec un bond à 18m07, l’athlète licencié au club d’Artois Athlétisme s’est adjugé au sixième essai le record du Monde détenu depuis 2011 par Teddy Tamgho, qui n’est autre que son entraîneur. Il devient le premier homme à dépasser les 18m en salle.
Un exploit qui avait été anticipé par l’équipe d’officiels en charge de la compétition ce jour là. « On nous avait dit qu’il y avait une chance de records de France et du Monde, donc on avait tout prévu », confirme Olivier Bardot, licencié au club de Cournon Athlétisme
Décamètre métallique, contrôle anti-dopage, PV…
Car pour qu’un record du Monde soit homologué, la procédure est stricte. « Il faut commencer par vérifier la marque avec un décamètre métallique. Celui que l’on utilise habituellement, en fibre de verre, a tendance à se torsader un peu ce qui peut fausser légèrement le résultat. C’est ce qu’il s’est passé d’ailleurs. J’ai d’abord annoncé 18m08, puis en remesurant avec le décamètre métallique on a ramené à 18m07. »
Et le formalités ne s’arrêtent pas là : l’athlète a été soumis dans la foulée à un contrôle anti-dopage. « Pour un record de France on a 72h, pour un record du Monde ça doit être fait juste après le dernier essai ». Puis les officiels se sont chargés du procès verbal de la compétition. Une fois signé par tous les juges, il a été transmis par le juge arbitre du jour, Michel Claire, à la ligue. Ce document a ensuite transité par la fédération, avant de rejoindre le siège de World Athletics à Monaco. C’est seulement après avoir été validé par une commission que le record du Burkinabé sera homologué. « Ça peut prendre un peu de temps. On n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise, mais en tout cas de notre côté, on a fait les choses dans les règles ».
Magique… Mais sans public
Olivier Bardot, lui, n’en est pas à son premier record. Il était déjà là quand le perchiste Suédois Armand Duplantis avait battu le record du Monde des moins de 20 ans. Ce samedi, le contexte était bien différent. « Il a crié, les autres athlètes l’ont félicité, on a applaudi… Mais c’est vrai que l’ambiance était particulière. »
En tout cas même sans public, le stadium Jean Pellez entretient son mythe. Et ce n’est pas le néo recordman du Monde qui dira le contraire, lui qui disait quelques jours avant la compétition sur ses réseaux sociaux : « Un certain monsieur Teddy Tamgho a déjà fait 17m91 dans cette salle… Est-elle magique ? »
Jessica BISSAY
(crédit photo : Arbitrage Athlétisme)