Il va devoir patienter quelques mois de plus pour concrétiser son choix de représenter la France sur la scène internationale. Sasha Zhoya, l’étoile montante de l’athlétisme, a vécu son confinement en Australie. Malgré les annulations et les reports en cascade, le Franco-Australien-Zimbabwéen de 17 ans, licencié au Clermont AA, n’a rien perdu de sa motivation. Il a maintenant hâte de retrouver le sol français…
Il avait prévu de revenir en France fin avril, pour disputer les Interclubs sous les couleurs de son club, Clermont Athlétisme Auvergne… Mais la pandémie mondiale est passée par là. Alors Sasha Zhoya, le jeune prodige franco-australien-zimbabween, a dû rester confiné aux antipodes.
Il y a vécu cette période si particulière dans des conditions plus « relax » qu’en France : « j’étais chez moi, à Perth. Au début avec ma famille, puis après dans une maison avec ma sœur. Le pays a été moins touché que la France, du coup les mesures étaient moins strictes ».
Côté entraînement, le détenteur de la meilleure perf’ mondiale sur 110m haies cadet et au saut à la perche estime avoir pu maintenir sa préparation « à 90% » : « j’ai continué de m’entraîner en extérieur, seul avec mon coach. On était plus libre qu’en France. J’avais toujours accès à la piste, mais les salles de musculation ont fermé. Je sais que j’ai eu de la chance. Quand je discutais avec mes amis français, ils étaient jaloux de mes conditions d’entraînement, de vie. »
Moins de muscu, plus de technique…
Forcément, il a toutefois dû concéder quelques adaptations : « Ce qui m’a le plus manqué, c’est la salle de muscu. J’ai perdu du muscle ! J’ai voulu aller acheter des poids pour faire des exercices chez moi, mais tout le monde a eu cette idée je crois (rires). Comme je m’y suis pris avec un peu de retard il n’y en avait plus… »
En revanche, la période lui a été propice sur le plan technique. « J’ai vraiment fait beaucoup de travail technique. En plus comme j’ai eu de petites blessures, au pied puis à l’ischio, je n’ai pas pu me donner à 100% en terme d’intensité sur les séances. Donc j’ai fait plus de technique. Ça a payé, je l’ai senti notamment sur les passages de haies ».
« Je serai encore plus fort, encore plus prêt »
En parallèle, il a continué de suivre ses cours d’arts de la scène, spécialité danse classique et danse contemporaine, en visio. « Il a fallu un peu de temps pour que ça se mette en place. Puis ensuite chaque matin toute la classe se retrouvait sur zoom pour les leçons. Je préfère quand même aller à l’université, j’arrive mieux à me concentrer. »
Quand le confinement a débuté, la saison australienne touchait à sa fin. Les dernières compétitions nationales n’ont pu avoir lieu. Puis les échéances internationales se sont annulées les unes après les autres. Notamment les championnats du Monde juniors, prévus à Nairobi en juillet, où il aurait pu porter pour la première fois le maillot tricolore. Le jeune athlète a vécu cette série noire assez sereinement. « J’ai été déçu, parce que j’étais en forme. Mais c’est juste reporté, pas annulé. Je suis jeune, je vais continuer de progresser. Je serai encore plus fort, encore plus prêt. Je vais même pouvoir tenter de me qualifier pour les jeux olympiques ».
« Focus sur les haies et le sprint »
En tout cas désormais, sa priorité est claire : revenir s’entraîner en France. « Je fête mon anniversaire le 25 juin ici, puis je prends le premier avion que je peux trouver et je retourne à l’Insep. Le plus vite possible. L’entraînement est plus confortable là-bas, il y a tout sur place. J’avais prévu de rester en France d’avril à août, du coup ce sera de juillet à octobre. Je vais louper quelques cours, mais je me débrouillerai ».
Son programme de l’été commence à prendre forme : « Je vais m’entraîner tout le mois de juillet, et si tout va bien je ferai ma première compétition le 14 août, à Monaco. Puis je terminerai ma saison avec les France juniors ».
En revanche, on ne le verra pas près des sautoirs de perche. « Je ne ferai pas de perche cette saison. Je n’ai pas sauté depuis six mois, j’ai eu des complications pour acheter puis faire venir des perches jusqu’à moi. Donc cet été focus sur les haies et le sprint ! » Faut-il y voir un signe pour la suite de sa carrière ? Pas du tout ! « Je n’ai toujours pas choisi une discipline (rires), c’est dur de décider je n’arrive pas à trancher ».
Jessica Bissay
(crédit photos : FFA/Photoathle : Manu Chapelle/Cyrille Kador – FFA/Degorce : Frédéric Degorce