Coach confinée… Gaétan Guillet (Ain Est Athlétisme)

Ils avaient l’habitude de passer leurs soirées au stade, ils doivent désormais se contenter des plans par mail et des conseils par téléphone… Confinement oblige, les coachs ont eux aussi dû faire preuve d’une sacrée capacité d’adaptation. Comment nos techniciens régionaux vivent-ils cette période si particulière ? Gaétan Guillet, coach de sprint au club d’Ain Est Athlétisme et élu entraîneur de l’année 2019 par le comité de l’Ain, est le premier à se confier… 

>> Pour commencer, dans quelles conditions vivez-vous, personnellement, ce confinement ?
J’ai la chance de travailler encore, à temps partiel. Je suis dans l’horlogerie, je bosse tous les matins. Ça me permet de garder un minimum de vie sociale. Sinon je suis dans mon appartement, à Saint-Genis Pouilly, d’ailleurs il n’a jamais été aussi propre (rires). Je m’entretiens, je fais pas mal de gainage et un peu de footing. Et puis j’ai un dossier à remplir pour obtenir l’équivalence de mon diplôme d’entraîneur moins de 18 ans, que j’ai passé en Suisse. Je dois joindre une lettre de motivation, ça, ça va m’occuper (rires) !

>> Comment assurez-vous la continuité de l’entraînement ?
Le stade est fermé, le gymnase aussi… Comme tout le monde, on a dû s’adapter. J’ai un groupe whatsapp avec mes athlètes, ils sont une vingtaine, de cadets à seniors. Tous sont coureurs de 100, 200 ou 400m. J’envoie un plan collectif par quinzaine, avec trois ou quatre séances chaque semaine. Et après, je discute au fil de leurs demandes avec les plus assidus, ceux qui ont des questions. Mais c’est compliqué d’entraîner comme ça, sans voir les athlètes, surtout en sprint. Pour moi qui avait l’habitude d’aller au stade cinq fois par semaine… C’est dur !

« On travaille le mental ! »

>> Dans ces conditions, comment avez-vous construit votre plan ?
Le travail est surtout axé sur la condition physique. On fait un peu de courses aussi, mais il faut s’adapter aux moyens du bord. Par contre c’est impossible de faire un véritable travail spécifique, comme on le fait en pointes d’habitude. Finalement, les seules « vraies » séances qu’on peut maintenir sont celles en côtes, que les athlètes ont toujours faites en extérieur et en baskets.

>> S’il fallait trouver des points positifs à cette situation, lesquels feriez-vous ressortir ?
On travaille le mental ! Les athlètes sont livrés à eux-mêmes, ils doivent apprendre à s’adapter, à faire avec ce qu’ils ont et à trouver des solutions tout seul. Ce qui peut les aider à évoluer. Et de mon côté, comme j’ai plus de temps j’en profite pour faire des recherches, pour trouver des idées d’exercices. Je pourrais innover après le confinement !

« Un gros coup d’arrêt »

>> Comment voyez-vous la suite de la saison ?
C’est très flou ! Ça va être difficile, c’est un gros coup d’arrêt pour les athlètes. C’est le cas notamment pour Valentine Mesas (en photo plus haut – Championne régionale indoor junior sur 200m, ndlr). Elle avait fait un bel hiver, elle était sur une bonne progression. Après, c’est une fille sérieuse je sais qu’elle suit le plan… Et que ça la démange de reprendre (rires). 

>> Et l’annulation des interclubs… Un grand vide en vue début mai ?
Pas pour nous ! On n’était pas engagé cette année. On était en excellence l’an dernier mais on a trop de difficultés à faire une équipe, on manque de coureurs de demi-fond. On avait prévu de partir en stage en Italie la dernière semaine d’Avril et on rentrait le jour du premier tour.

Jessica Bissay (crédit photo : Ain Est Athlé/Comité d’athlétisme de l’Ain)