En Savoie, le CA Pontcharra La Rochette Grésivaudan continue l’entraînement… en live sur youtube

Après les athlètes, leurs entraîneurs, nous avons voulu voir comment les clubs traversaient cette période  bien particulière. D’ordinaire si actifs, ils se retrouvent tous en pause pour une durée encore indéterminée. Nouvelle étape en Savoie, où le CA Pontcharra La Rochette Grésivaudan n’a pas annulé ses séances du mercredi et du vendredi. Elles sont maintenues… en live sur youtube ! Le président Julien Picard, quand il n’est pas à son poste au CHU de Grenoble, y participe en famille. A plus long terme, il ne cache pas ses inquiétudes quant aux conséquences financières que pourraient avoir cette situation inédite.

>> Qu’avez-vous mis en place au CAPRG pour assurer la continuité de l’entraînement ?
Nous avons quatre entraîneurs salariés et deux services civiques, tous des athlètes du club qui se sont professionnalisés. On a fait le choix de ne pas les mettre au chômage, et on leur a demandé de réfléchir à la façon de transformer les entraînements. On était déjà très présents sur internet, en complément on a monté une chaîne Youtube. On y fait des live aux horaires des entraînements du mercredi et du vendredi, symboliquement. En moyenne on compte cinquante connexions, sachant que souvent il y a plusieurs personnes par foyer. On met aussi à contribution la vingtaine d’athlètes de notre groupe élite, qui se filment avant chaque séance en train de faire les exercices pour monter une démo. Les gens ont pris l’habitude, ça aide à maintenir la condition physique, et la cohésion du groupe. Ce sont des séances accessibles à partir de benjamins/minimes. Pour les plus jeunes nos deux services civiques ont préparé des circuits adaptés. Et en plus, chaque entraîneur a fait pour son groupe un plan avec des séances individuelles, afin de permettre aux athlètes de maintenir leur niveau autant que possible.

Des répercussions en terme de sponsoring ? De subventions ?

>> Quelles sont les répercutions de cette crise sur le calendrier des manifestations du club ?
Le deuxième tour des interclubs aurait dû se dérouler à la maison… Une belle fête qui n’aura pas lieu. Nous organisons le « Trail des 7 Laux », dont la deuxième édition est programmée le 26 juillet. Pour l’instant elle est maintenue, mais on reste très prudent. De même pour la tenue de notre 10 km, prévu fin août. Notre cross national a lieu en novembre, ça nous laisse un peu plus de temps… 

>> En termes de sponsoring, l’une des principales sources de financement du CAPRG, faut-il craindre des répercussions dans les prochains mois ?
On a une quarantaine de sponsors, dont une trentaine de petites entreprises locales.  Elles ont enchaîné gilets jaunes, grèves pour les retraites et Coronavirus… Ça fait beaucoup ! On a peur que certaines coulent, ou nous disent qu’elles ne peuvent plus nous soutenir l’an prochain. Alors pour l’instant on essaie de leur faire de la pub, on va inciter nos licenciés à aller chez nos sponsors, par solidarité ! Notre autre inconnue, de taille, concerne les subventions. On espère qu’elles seront maintenues en l’état.

« Depuis le début, je n’ai que des bonnes surprises »

>> Comment imaginez-vous les prochaines semaines ?
On cherche à organiser la reprise des entraînements, peut être en proposant des alternatives en petits groupes, en démultipliant les groupes d’entraînements par exemple… Ça fait plus de boulot pour les coachs, et ça veut dire plus de créneaux sur les infrastructures. Il faudra voir si c’est possible. On utilisera sans doute également davantage nos espaces extérieurs, puisqu’on a la chance de pouvoir faire des séances autour du lac voisin et dans la forêt. La fête du club a lieu traditionnellement début juillet. Ça paraît compliqué de la maintenir en l’état mais on peut envisager un autre format… D’ici juillet il sera peut-être possible de proposer des petites initiatives avec un nombre limité de personnes. On pourrait imaginer une compétition en interne, où les athlètes feraient des disciplines autres que les leurs.

>> Anesthésiste réanimateur au CHU de Grenoble, vous êtes en première ligne face à la pandémie. Pas trop complexe dans ce contexte de trouver du temps et de l’énergie pour votre rôle de président ?
J
e suis toute la journée avec des patients Covid, quand je m’occupe du club ça me permet de penser à autre chose ! J’ai la chance d’avoir un super comité directeur, on fait des réunions en visio et tout le monde se relaye pour partager les tâches. Et puis nos entraîneurs sont épatants de dynamisme et de présence. Depuis le début je n’ai que des bonnes surprises. C’est très intéressant de voir les deux côtés : ça m’aide dans ma vie professionnelle et en même temps ça me fait relativiser certaines choses au club. 

Jessica Bissay (crédit photos : CAPRG)