Battant son record à plusieurs reprises, Mathieu Collet a pris de la hauteur cette année. L’ancien judoka et footballeur, qui a choisi de se consacrer à la perche il y a seulement deux ans, semble avoir encore une belle marge de progression… Il faudra compter sur lui l’an prochain aux championnats d’Europe espoirs.
Dimanche 19 juin, stade de Valence. Mathieu Collet, micro à la main, se transforme en speaker pour recueillir les premières impressions de son petit frère Thibaut, qui vient de réaliser les minimas pour les championnats d’Europe cadets. « J’étais super content pour lui, je savais qu’il pouvait y arriver », savoure son grand frère. « Maintenant il faut qu’il arrive à faire ses championnats, à ne pas reproduire les mêmes erreurs que moi. Je vais le faire profiter de mon expérience. Je ne sais pas si on peut dire que je suis son modèle, mais j’espère que je l’inspire un peu, même si nos routes sont complètement différentes. Il est très bon techniquement. Dans ce domaine, c’est moi qui m’inspire de lui. »
L’année 2016 a pour l’instant des allures de grand cru pour la famille Collet. Le grand frère Mathieu a en tout cas enchaîné les perfs. Après un titre espoir en salle cet hiver ponctué d’un record personnel (5m40), il a remporté les jeux de la Méditerranées des moins de 23 ans, améliorant à nouveau sa meilleure marque (5m51). Fin juin aux championnats de France élite, il n’a pu s’exprimer pleinement, la faute à une douleur au tendon du triceps, apparue dès l’échauffement (10ème avec 5m20). « J’ai trois semaines pour me soigner avant les France espoirs. Je suis un peu dans le flou pour l’instant. On va voir… S’il faut tirer un trait sur les espoirs je le ferai, c’était un gros objectif mais je ne prendrai pas de risque. »
Parce que son objectif premier est sur la page 2017, avec les championnats d’Europe espoirs en juillet prochain. « J’espère monter sur la boîte », avance le Grenoblois, ancien judoka et footballeur, arrivé sur le tard à l’athlétisme. « J’ai commencé ce sport à 17 ans, j’ai fais des épreuves combinées pendant un an et demi, avant de me focaliser sur la perche. Du coup sur certains points j’ai pas mal de retard technique. Je progresse petit à petit. Je ne suis pas inquiet, quand j’aurai compensé mes lacunes je pourrai aller encore plus haut. »
Licencié à l’ASPTT Grenoble – devenu EAG – depuis le début, il ne s’imagine pas changer de tunique. « C’est un club dynamique, familial, un club de tradition. Je ne partirai pour rien au monde. Même si parfois, les conditions d’entraînement l’hiver sont un peu rudes ». « Le club avait monté un projet qui prévoyait l’aménagement du palais des sports de Grenoble une partie de l’année, mais la mairie a refusé. C’est vraiment décevant. On a une salle qui appartient à la fac, mais elle est fermée dès qu’il y a un peu de neige. Donc on doit souvent aller sur Lyon ou Clermont. »
Chez les Collet, l’entraînement est une histoire de famille puisque comme son frère Thibaut, Mathieu est entraîné par son père Philippe, lui même ancien perchiste. « Globalement, ça se passe bien, même si à certaines périodes c’est compliqué. A la maison, c’est sûr qu’on parle beaucoup de perche, on fait pas mal de debriefs (rires). »
Même dans ses études, le sport n’est jamais très loin. « Je passe en troisième année de Staps, à Grenoble. La direction est assez sympa, elle me permet d’étaler mes semestres si besoin. Je bosse autant que les autres, mais on m’aide à concilier les études et mon statut de haut niveau. Plusieurs profs sont également entraîneurs au club, donc si j’ai besoin je vais les voir directement, ça évite les formalités administratives. »
Un ensemble de facteurs qui devraient permettre à Mathieu de continuer à viser plus haut, d’autant qu’il peut également compter sur le soutien de sa ligue puisqu’il fait partie du dispositif RAEA (Rhône-Alpes Elite Athlétisme). « Je suis vraiment super satisfait d’avoir intégré ce pole. J’ai une aide financière, on nous propose des stages… Et ça marche, la preuve quand on voit le niveau des athlètes la ligue. »
Crédit Photos : PhotoAthlé – Emmanuel Chapelle