Marcel Ferrari (président de la Ligue AuRA) : « Le plus compliqué, c’est cette incertitude »

Comme l’ensemble de la population, l’ensemble des sportifs, le monde de l’athlétisme est à l’arrêt depuis plus de trois semaines. Face à cette situation inédite, la Ligue Auvergne Rhône-Alpes s’adapte pour rester au plus près de ses clubs… Et se projette sur l’après. Le point avec son président Marcel Ferrari.

>> Comment la ligue AURA s’est-elle adaptée au confinement ?
Avant de parler de la Ligue et de son fonctionnement, je voudrais dire que nous avons une pensée pour tous les acteurs de l’athlétisme régional et leur famille qui sont touchés par le coronavirus. Il faut se montrer courageux face à cette situation inédite, compliquée et qui perdure.

Concernant le fonctionnement de la Ligue, tous nos salariés sont à l’abri, à la maison. Il n’y a donc plus personne au siège, mais si les clubs ont des questions ils peuvent nous joindre par mail. De notre côté dès que l’on a des infos, on les transmet par nos réseaux habituels : site internet, page Facebook. Tout est à l’arrêt en terme de compétitions, de stages, de formations… Il reste quelques actions administratives, de la préparation, et des réflexions sur la reprise, tant sur les aspects compétitifs, qu’auprès de nos partenaires par exemple. On gère à distance et on fait le point en visio de manière hebdomadaire et plus si nécessaire.

>> Comment se portent les clubs, savez-vous quelle est leur situation actuellement ?
C’est l’une de nos priorités et il faut qu’ils en soient persuadés : nous allons prochainement les questionner sur leur situation et leurs difficultés, mais il nous faut attendre un peu pour avoir les idées plus claires sur la situation sanitaire en général et la situation fédérale en particulier. Notre objectif est de pouvoir donner des lignes directrices à nos clubs sur la reprise de nos activités dès que nous serons en mesure de le faire, mais pour le moment l’idée est d’abord de rester en relation et de prendre des nouvelles de nos structures, de nos dirigeants…

>> Comment voyez-vous la suite de la saison ?
Nous savons depuis hier que la Fédération a décidé de suspendre les championnats nationaux jusque fin juillet. La Ligue essaie d’imaginer des scénarios de reprise, mais c’est compliqué ! Nous n’avons pas de réponse, il n’y a que des hypothèses… C’est très frustrant ! Le plus compliqué, c’est cette incertitude. C’est important pour l’équilibre d’avoir des échéances, surtout pour des athlètes qui fonctionnent comme ça d’habitude. Tout va dépendre du déconfinement. S’il se fait progressivement, ça va repousser la reprise nationale. En fonction des décisions qui seront prises par le Gouvernement, nous essayerons au moins de faire une reprise départementale et régionale.

Un « interclubs régional » pour la reprise ?


>> De quelle manière pourrait-on envisager cette « reprise locale » ?
On aimerait au moins faire des rassemblements, avant tout avec l’objectif de s’amuser à faire de l’athlé, pour refaire du lien entre les athlètes et les clubs. Je pense que c’est sous cet angle là qu’il faut envisager la saison estivale. Il faudra relativiser les choses et être imaginatif devant cette situation inédite, ré-imaginer de nouvelles formes, de nouveaux objectifs… Parce que même si des championnats de France seront organisés, le niveau ne sera pas le même, la motivation moindre… Il nous faudra sûrement plus invertir la période d’août à début septembre, l’incertitude demeure. Tout sera conditionné par les dates de déconfinement et leurs modalités

>> Avez-vous déjà quelques idées de rassemblements ?
Pourquoi pas imaginer un interclubs entre nous, au niveau régional avec parallèlement des animations départementales.  Ce serait symbolique de recommencer les compétitions ainsi. Il n’y aurait pas vraiment d’enjeux, mais ce serait un temps fort qui pourrait lancer ensuite les différents championnats régionaux. Quand on en saura plus sur la date de rentrée, on lancera un sondage pour voir si les clubs seraient intéressés. Il faudra aussi que l’on pense à un temps fort pour les Benjamins/Minimes, en préparation de la coupe de France U16 qui pourrait être organisée plus tard dans la saison et un temps fort pour les Masters.

Accompagner les licenciés athlé santé…

>> En cette période de confinement, la ligue joue aussi son rôle d’acteur du sport santé…
Oui, on essaie d’aider les gens à avoir une activité physique à la maison. Pour les athlètes, c’est plus simple ils ont des coaches et savent faire tout seul, ils savent que c’est important pour ne pas repartir de zéro à la reprise. Mais on pense aussi à nos licenciés Athlé Santé, aux seniors que nous accompagnons avec le projet Cap Form’Senior, lui aussi repoussé à l’automne. On veut les accompagner, leur permettre de s’entretenir un minimum même s’il n’y a pas de coach à proximité ! C’est important de faire de l’activité physique en ce moment, ça permet de s’entretenir et aussi penser un peu à autre chose !

>> Et pendant ce temps, la problématique est tout autre pour les athlètes de haut niveau… 
Effectivement, c’est compliqué pour eux et pour les coaches ! Même en aménageant les entraînements, c’est dur de retrouver la même intensité. Tout dépend aussi de l’endroit où on se trouve, du matériel que l’on possède… Et puis les échéances sont floues, ce n’est pas facile à gérer au niveau de la préparation. Mais pour donner une note positive, nous pouvons voir sur les réseaux sociaux qu’ils sont parfois très inventifs !

>> Enfin, un mot sur vos propres conditions de confinement ?
Je suis chez moi, près de Chambéry. Je m’occupe de mon jardin, je n’ai jamais été aussi en avance (rires). Je fais un peu de vélo d’appartement, des étirements… Je ne me plains pas, surtout quand je pense à tous ceux qui sont coincés en appartement. Pour finir, je veux surtout vous dire : Prenez soin de vous et de vos proches, et restez chez vous, c’est le mot d’ordre !

 

Jessica Bissay