En tête à tête avec… Hassan Chahdi (EA Centre Isère)

C’est un athlète discret, qui préfère les longues séances d’entraînement aux longs discours. L’enfant de Bonneville est entré dans une autre dimension en établissant le 12ème chrono français tout temps, en avril dernier au marathon de Paris (2h10’20). Le début d’une belle histoire entre cette épreuve mythique et le licencié de l’EA Centre Isère, qui a fêté ses 28 ans en mai…

>> Hassan Chadhi, on vous a quitté au marathon de Paris, à la 12ème place avec un nouveau record perso (2h10’20). Comment allez-vous depuis ?

Bien ! Même si j’espérais passer sous les 2h10, je suis satisfait de ce résultat, qui valide tout le travail fait en amont. Cette course a été plus médiatisée, je l’ai ressenti. Enfin ça reste de l’athlé, pas du foot… On ne m’arrête pas dans la rue (rires). Après j’ai coupé deux semaines complètes, j’en avais besoin physiquement et moralement. J’ai pu récupérer correctement. Puis j’ai repris avec des footings et du vélo.

Crédit photo : KMSP(Jean-Marie Hervio)/FFA

>> Quelle est la suite de votre programme cette saison ?

Désormais je vais travailler plus en qualité, et reprendre la vitesse. Je n’ai pas de gros rendez-vous cet été, mon principal objectif de l’année c’était Paris. Je ferai peut-être un 5000m sur piste, mais pas plus. Je n’ai pas spécialement envie de piste, et je n’ai pas la préparation pour. Je participerai sans doute à Marvejols/Mende le 23 juillet, puis je disputerai quelques courses sur route.

>> Vous avez donc décidé de faire l’impasse sur les Mondiaux de Londres ?

Oui, j’étais qualifié pour le marathon, mais il était trop proche de celui de Paris. Le risque de blessure était trop important. Et puis je suis en dernière année d’école d’ergothérapie, je passe bientôt mes examens, je veux me concentrer là-dessus. Bien sûr, c’est frustrant de renoncer aux mondiaux, mais ce serait frustrant aussi de rater mon diplôme (rires). Donc je me tourne plutôt vers les Europe, l’an prochain.

>> Au quotidien, comment combinez-vous votre carrière d’athlète et vos études ?

C’est compliqué de gérer les deux, physiquement et psychologiquement. Il faut jongler. Souvent, je fonctionne par périodes. Pendant trois mois, je suis à fond dans l’entraînement, puis après pendant trois mois je donne la priorité aux études. Parfois il faut que je mène les deux de front, mais ce n’est pas simple. Si tout va bien, l’an prochain je serai sur le marché du travail. Je ne sais pas encore comment je vais m’organiser. Il faudra sans doute que je fasse un choix, parce que cumuler les deux ça paraît compliqué.

Crédit Photo Page Facebook Hassan Chahdi

>> à quoi ressemble votre cadre d’entraînement actuel ?

J’habite à Fontenay avec ma femme, je m’entraîne à l’Insep depuis quatre ans. Cela me facilite la vie, on a tout à proximité pour l’entraînement et la récupération. Je fais les séances seul, ou avec mon entraîneur Jean-Claude Vollmer. On forme un bon duo, nos personnalités collent bien. C’est sûr que je préfèrerais courir en groupe, mais je m’y suis fait. Pendant la prépa du marathon, j’étais à maximum douze entraînements et 150 kms par semaine. Pour un marathonien, ce n’est pas énorme. Mais ce n’était que mon deuxième.

>> Quels contacts entretenez-vous avec votre club, votre région ?

Ma famille habite à Bonneville, mon père est toujours licencié à l’EA Arves, mon premier club. J’ai de très bonnes relations avec mon club, l’EACI (Entente Athlétique Centre Isère). Je suis entouré par des passionnés, des gens qui aiment l’athlé et les perfs. Je me sens bien dans ce club, j’ai envie de construire une histoire avec lui, je fais tout pour que ça dure ! Avec la ligue, j’ai moins de contacts, mais je respecte son rôle et ses valeurs, je connais son importance pour le développement de l’athlétisme.

>> Comment envisagez-vous la suite de votre carrière ?

La suite, je la vois essentiellement sur marathon. C’est difficile de préparer plusieurs distances en même temps. Je sais que j’ai de belles choses à faire sur marathon alors je préfère me concentrer là-dessus. Je ferai toujours les cross l’hiver, c’est une bonne préparation.

Crédit Photo : KMSP/FFA (JM Hervio).

>> Si on vous avait dit, quand vous avez commencé l’athlé en minimes, que vous en seriez là aujourd’hui…
C’est sûr que je n’imaginais pas ça… Au début j’ai fais quelques triathlons, comme tout le monde, mais j’ai tout de suite été attiré par les distances plus longues. Je n’avais pas le gabarit pour faire autre chose il faut dire (rires). J’ai toujours aimé la compétition, mais j’ai évolué étape par étape, avec beaucoup de travail.

Jessica Bissay